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Ma life sous toutes les coutures

VIP-Blog de cecilia-marava
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  • Créé le : 23/11/2006 02:40
    Modifié : 19/03/2007 02:09

    Fille (21 ans)
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    Saison 1 Episode 2: Révélations

    25/11/2006 17:50

    Saison 1 Episode 2: Révélations


    Sally venait de prendre son envol. Avouant un besoin vital de chevaucher les airs, elle m'offrait par la même occasion, un spectacle de toute beauté… Y avait-il plus belle vision que de la voir flotter dans les airs, tourner et virevolter ? Je ne pouvais plus détacher mes yeux de peur de perdre le moindre détail de cette balade aérienne. De sa robe ondulait de grands voiles, entre lumière et transparence… Ils semblaient accompagner le moindre de ses mouvements. Mouvements qui étaient l'incarnation même de la grâce et de la beauté. Je retins mon souffle : moi, cloué sur terre, je l'imaginais prendre ma main et me hisser jusqu'au ciel, pour un voyage sans fin… J'essayais de deviner la douceur et la pureté de l'air, à cette hauteur. Un silence apaisant devait sans doute y régner … Je comprenais alors les motivations de Sally. Voler n'était pas seulement un exercice pour se dégourdir les ailes, mais une réelle nécessité : là haut, dans les cieux, le poids de notre mission pouvait enfin disparaître un court instant, remplacé par la légèreté et le semblant d'insouciance que je ne connaîtrai jamais. Mon corps me parut bien lourd et gauche soudainement. Chacun de mes pas sur cette terre mystérieuse avait la gravité de la pesanteur. Il faut dire que nous marchions depuis des heures. Ma force nouvelle était-elle mise à l'épreuve ?
    - Pourras-tu tenir la distance, Etranger ? Me demanda Déziel. Non pas qu'il fut soucieux de ma santé ou bien être… Son esprit pragmatique l'amenait à me tester. Comment aurai-je pu lui en vouloir de remettre en question mon rôle prophétique, alors que j'étais moi-même rongé par le doute et l'appréhension…
    - Je n'en suis pas certain. Sommes-nous encore loin ?
    - Nous sommes presque arrivés. La Poétesse que nous devons rencontrer, habite au sommet de la montagne blanche.
    Déziel n'était pas une créature avenante. Sa froideur et son manque de courtoisie n'appelaient pas à la discussion. Je l'imaginais encore moins en train de s'épancher sur mes doutes et angoisses. Pourtant il fallait que je lui pose la question :
    - Pourquoi allons-nous rendre visite à cette femme ?
    - La Poétesse est bien plus qu'une femme. Elle est un miroir sur l'avenir. Ses écrits ouvrent les portes du futur à celui qui pourra les comprendre. Depuis des années, elle recueille ses visions les plus prophétiques sous forme de poèmes. Si tu es celui que Sally croit, à savoir notre Prince, il devrait y avoir un poème te concernant. Nous devons donc consulter son Livre Des Révélations. C'est la première étape à notre quête de l'épée de Cléador.
    - Tu l'as déjà rencontrée, cette Poétesse ?
    - Humpf… Le Roi Phileas l'a déjà consultée. Sally et moi ne l'avons jamais vue.
    - Comment allons nous la reconnaître alors?
    - Ce sera plus simple qu'il en parait. Elle est à la seule à avoir élu domicile au sommet de la montagne blanche. Personne d'autre n'y vit. Pas d'humain, pas le moindre Ange, et fort heureusement pas le moindre Archange. Excepté celle de la Poétesse , nous y trouverons aucune habitation, même abandonnée. A part quelques plantes, l'endroit est désertique.
    - C'est une montagne enneigée ???
    - Non, loin de là, c'est une montagne composée de rochers, aussi blancs que purs. Son sommet est immaculé.
    - J'imagine que vous ne connaissez pas les joies du ski ? Je réalisais aussitôt le ridicule de ma question. Au plus profond de moi, dans ce monde qui était si loin du mien, je m'accrochais à mes repères terriens… Je cherchais à me rassurer, à me convaincre que cette planète n'était pas si différente de la mienne. Mais de là à penser que les Dragalions pouvaient faire du ski… Je me retrouvais confus et honteux. Ce raisonnement était indigne d'un soit disant héros prophétique.

    A ma surprise, le Dragalion prit ma question au sérieux.
    - Non, me répondit-il. D'autant plus qu'à l'opposé de votre terre, nous ignorons les joies de la neige en général… Arthelius ne connaît pas les saisons. Humpf… Ni printemps, ni hiver. . Notre royaume est cependant composé de plusieurs terres distinctes. Entre autres, Melkior, la terre du château, Maltavere, une terre ou les créatures les plus dangereuses ont élu domicile, et Frozine, la terre de glace.
    - Mais Déziel, vous connaissez donc le froid, la glace et le verglas !
    - Très peu de créatures prennent le risque de s'aventurer à Frozine. C'est une terre qui n'a rien de naturel. Elle a été forgée, il y a fort longtemps, par un sorcier très puissant. Le rituel de création lui demanda tellement de force et d'énergie, qu'il en périt. La légende veut que la glace et la neige en aient conservé son essence magique. C'est une terre en constante évolution. Celui qui s'y hasarde trop longtemps, en ressort à jamais transformé par cette essence magique. Et personne ne peut savoir si le changement en sera bénéfique. Mais cessons là les bavardages pour aujourd'hui... Concentrons-nous sur notre but. Nous devons arriver impérativement chez la Poétesse avant la tombée de la nuit. D'ailleurs, je vais relayer Sally dans les airs. Sa petite balade a duré suffisamment longtemps. Il est de mon rôle de partir en éclaireur, afin de nous assurer qu'il n'y a pas de danger devant et derrière nous.

    Sally posa pied sur la terre ferme. Amusée, et sans doute habituée du caractère particulier de Déziel, elle me demanda s'il n'avait pas été trop rude avec moi.
    - Ne vous inquiétez pas. Il me faut plus que l'humeur d'un Dragalion pour me démoraliser. Je mentais. J'avais envie d'y croire. De croire que j'étais fort et courageux. Croire que je n'avais pas peur de ce qui nous attendait.
    - Je sais que Déziel n'est pas fort sympathique au premier abord, me dit-elle. Mais quand on s'y habitue, on comprend que c'est son seul mode fonctionnement. Il veille sur moi depuis que je suis enfant.
    - Depuis votre enfance ?
    - Oui… La joie de Sally laissa place à un sourire nostalgique. Quand j'étais petite, mon grand frère était la personne la plus importante de ma vie. Nous étions si complices… Il passait des heures à me raconter ses péripéties. C'était un aventurier, toujours prêt à découvrir l'inconnu, à dépasser nos frontières et conquérir le monde. Un jour, il est revenu avec Déziel… Et me l'a offert afin qu'il puisse veiller sur moi, au cas où les choses tourneraient mal pour lui. Son regard s'assombrit. Elle avait les larmes aux yeux. Déziel me protège et m'écoute. Il est à la fois mon meilleur ami, mon allié, mon confident. Sa mémoire infaillible fait involontairement de lui mon archiviste. Mon journal intime en quelque sorte. Il connaît tout de ma vie. Et pourtant, il est aussi froid et distant qu'au premier jour. Parfois, il me fait même un peu peur…
    La tristesse soudaine de Sally que suscitait l'évocation de son frère me peinait sincèrement. Je voulais à tout prix lui changer les idées. J'aurai tant aimé lui faire retrouver son sourire, si radieux, si touchant… Je cherchais alors un sujet de conversation superficiel, léger. Et c'est avec la plus grande des maladresses que j'échouais, en remplaçant un sujet grave par un autre.
    - Sally, je ne peux ôter de mon esprit la remarque de Déziel, concernant votre rituel de résurrection… Il a parlé d'une espérance de vie écourtée. Qu'avez-vous sacrifié pour moi ? Rassurez-moi, vous allez encore vivre très longtemps ? !

    Heureusement, ma question saugrenue et naïve à la fois suscita chez l'Ange un sourire remplit d'humilité
    - Je ne vous ai pas ressuscité, mon Prince. Je n'en ai pas le pouvoir. Je vous ai retourné la vie qui était en train vous quitter. Si votre âme avait abandonné votre corps, il aurait été trop tard pour vous... Non, je n'ai pas le pouvoir de redonner la vie à ceux qui meurent, hélas. Sur ce dernier mot, son regard s'envola très loin de moi, vers un songe, un regret, un sentiment de perte que je ne pouvais comprendre… Seul le Phénix, le peut…Faut-il encore le trouver ! Dit-elle, émue et amère.
    - Humpf ! Ce n'est qu'une légende Sally. Le Dragalion était revenu de son repérage. Tout le monde parle du Phénix, et personne ne l'a jamais vu. Ceux qui affirment le contraire sont de simples démens en mal d'existence. Et ceux qui sont partis à sa recherche n'en sont jamais revenus.
    - Je refuse de croire cela… Je suis certaine que si j'en avais eu la force, le courage, j'aurais affronté les terres de Maltavere pour le trouver. Mais je suis un Ange, et quand on est Ange, on sait protéger les autres, veiller sur eux, leur donner aide et soutien…Mais on ne sait pas se battre, dit-elle, la tête baissée, avec un profond regret dans la voix.
    - Tu oublies surtout que tu n'en pas les moyens Sally. Humpf… Tu es sans défense face à l'adversité.
    - Vous aviez raison Sally, Déziel est vraiment dépourvu de diplomatie. Chez nous, à ce stade, nous appelons cela de la grossièreté, lui dis-je, tentant de la sortir de ses sombres pensées.
    - Les Anges sont ainsi. Des êtres bienveillants, qui face au danger, n'ont d'autre recours que de prendre leurs ailes à leur cou, et de fuir le plus vite possible.
    - Ne dites pas cela Sally. Vous êtes courageuse ! Il ne peut pas en être autrement ! Sinon, auriez-vous sacrifié une partie de votre vie pour sauver la mienne ?? Pour cela, je vous en serai reconnaissant éternellement…
    - Qu'est-ce que l'éternité pour un être humain ?
    Elle marquait un point… En même temps, je pris conscience que l'âge de ma bienfaitrice m'échappait. Une chose était certaine : j'étais jeune, je devais avoir 20 ans au maximum. Sally en paraissait dix huit. Dix neuf au mieux. Mais pouvais-je me fier aux apparences ? Je ne savais strictement rien de Sally. En avait-elle vingt, deux cents, ou mille ans ? Comment savoir ? Après tout, le rituel qui m'avait sauvé la vie, avait dans le processus détruit mes souvenirs et mon identité. Comme c'était pratique : j'étais comme une page blanche, livré à une complète inconnue. Elle pouvait donc me manipuler à son aise, et me mener là où elle le voulait, sans que je puisse le moins du monde m'en rendre compte. Après tout, pourquoi aurais-je dû la croire, quand elle affirmait que Phileas, le Roi disparu, était mon père. N'était-ce pas un stratagème afin de s'assurer que je ferai tout pour les retrouver, lui et l'épée ? J'essayais au mieux de ne pas laisser les doutes m'envahir… A défaut d'éléments de réflexion, je décidai de suivre les désirs de mon cœur. Et mon cœur me demandait de lui faire confiance…
    - J'espère que ma remarque ne vous a pas décontenancé, Prince. Ma question n'appelle aucune ironie. Je suis un Ange, et votre conception humaine du temps m'échappe. Nos différences sont nombreuses. Comme vous l'avez sans doute remarqué, notre monde est régit en fonction des levés et couchés de soleils, et la différence de votre monde, nous en avons deux…
    - Nos soleils se relayent, nous apportant la lumière presque continuellement. Nos nuits sont très courtes. Et cela est préférable, s'exclama Déziel ! Les créatures qui se réveillent au crépuscule sont redoutables et sans pitié, humpf… Une fois sortie dans la nuit, ces créatures sont de terribles prédateurs. De purs stratèges, pourvus d'une grande intelligence. Mais pour une raison que nous ignorons, ils n'attaquent qu'en extérieur. C'est pour cette raison que nous devons arriver chez la Poétesse avant la tombée de la nuit, afin de lui demander hospitalité jusqu'au levé du jour.
    - Mais nous n'avons rien à craindre ici, Déziel. Tu m'as confié il y a un instant, qu'aucune créature vivait au sommet de la montagne.
    - Aucune créature vivante, précisa-t-il…

    Après un long parcours, nous apercevions enfin la maison de la Poétesse. Sa structure anarchique mais splendide, était composée d'arbustes qui semblaient très jeunes et robustes. Le feuillage épais de certaines plantes faisaient à la fois office de murs et de toit. Quelques fleurs enjolivaient l'humble demeure, en y apportant une touche de féminité… Nous étions à mille lieux des habitations classiques. Un édifice y était dressé sur la gauche. C'était une grande croix en pierre taillée, ornée d'un joyau rouge.
    - Pourquoi est-elle venue vivre ici, loin de tous ?
    - Parce que son don fait sa malédiction. Me répondit sally. L'histoire veut que sa première vision prophétique fut la mort de l'amour de sa vie. Au début, elle prit cela pour un mauvais cauchemar. Puis la vision se faisant persistante, elle tenta de changer le destin, de rompre avec l'idée de fatalité. Elle mit tout en oeuvre pour sauver la vie de son homme. Malgré ses efforts, le destin reprit son dû. Son tendre et doux amour perdit la vie dans ses bras... Au-delà du choc de cette terrible perte, elle comprit que ses visions ne pouvaient être détournées. Elle voyait l'avenir, mais ne pouvait en aucun cas le changer. Comment vivre avec les autres après cela ? Comment pouvoir aimer à nouveau, s'entourer d'amis, avoir des enfants ? La terreur de s'attacher, en sachant qu'à n'importe quel instant elle pouvait connaître le sort de ses proches, lui était insurmontable. Elle trouva refuge dans la solitude et la poésie… Avec pour seule compagnie, la dépouille de son amour perdu. Cette croix orne sa tombe.
    - Humpf... Ne perdons pas de temps, Sally. Il nous faut le laisser face à son destin. Entre donc, étranger. Nous te rejoindrons quand la Poétesse en aura terminé avec toi…

    Je m'exécutais. Une fois à l'intérieur, je m'attendais à un discours pompeux, aussi court soit-il. J'imaginais qu'elle allait m'accueillir à coup de " Je vous attendais ", ou autre effet théâtral du genre. Il n'en fut rien. Elle était assise, sereinement. Elle me regarda, ouvrit le Livre Des Révélations, et se mit à réciter le poème qui m'était destiné.

    Le frère et la sœur
    Ennemis et amis
    Quand le choix du cœur
    Fait perdre les esprits

    Liquoreux et rouge,
    Il coulera encore
    La pierre animée
    lui brisera le corps

    Armes et larmes se mêlent,
    Une terre sans soleil
    Le froid qui y règne,
    Lui rendra ses ailes

    Le feu fera fondre
    Sa mort et sa tombe
    La guerre y trouvera
    Son plus grand soldat…

    - Mais quel rapport avec l'épée Poétesse ??? Lui demandais-je, certain de rien y comprendre, et persuadé que ma question essentielle allait m'apporter un début de réponse… La Poétesse tenait le livre ouvert, près de sa poitrine. Elle reprit la lecture, comme si elle ne m'avait point entendu.

    Le regard humain
    Ne porte pas très loin
    L'archange aguerri
    En fait son profit
    Ce n'est pas un lieu
    A portée des yeux
    Le chemin est…

    - Attention !!! Hurla Sally depuis le perron de l'habitation.
    Le regard précis de l'Ange blond avait su saisir un danger qui m'échappait. A peine eut-elle crié, qu'une flèche enflammée se planta dans le livre des révélations. Elle traversa le cuir de sa reliure, le papier jauni de ses pages et termina son parcours dans la poitrine de la Poétesse. Le livre prit feu aussitôt, perdant ainsi les indices indispensables à notre quête… Je n'avais pas le temps de m'en soucier. Je devais réagir face à une situation hautement délicate : arracher la flèche et lui risquer une hémorragie mortelle, ou regarder la Poétesse brûler vivante sous nos yeux. En fait, je n'avais pas le choix. D'un geste sur et rapide, je retirai l'objet acéré et brûlant de son thorax, pour le jeter, loin d'elle. Le livre enflammé y était toujours accroché, comme une proie misérablement harponnée. La Poétesse hurla de souffrance. J'aurais tant voulu la sauver. Mais j'avais une autre priorité : protéger Sally ! Je me précipitai à l'extérieur. L'archange qui avait tiré la flèche ne tarda pas à se présenter. C'était un éclaireur. Malheureusement, il n'en était pas moins guerrier pour autant. Je n'avais aucune arme, aucune expérience. Mais étrangement, j'étais à mon tour, prêt à sacrifier ma vie pour Sally. L'Archange me lança un regard diabolique et satisfait. En un éclair Déziel se précipita sur la croix du défunt. Je n'aurais pas cru un instant que la petite créature qui nous accompagnait, était capable de ce qui allait suivre. Le Dragalion ouvrit la gueule, affichant ses dents aiguisées… Ses yeux jaunes brillaient de tout feu, ses écailles se hérissaient, tel un poison de combat. L'Archange se tourna vers lui. Je ne comprenais pas la tactique de Déziel. Il aurait très bien pu prendre l'Archange à la gorge. Au lieu de cela, il oscillait la tête de gauche à droite, donnant de grands coups de gueule sur la croix. Le bruit crispant de ses dents sur la pierre me donnait la chair de poule. L'Archange lui, comprenait avec terreur ce qu'il se passait, il saisit une flèche de son fourreau, mais il était trop tard. Un jet de flamme jaillit de la gueule de Déziel, faisant mouche aussitôt. L'archange poussa un cri strident, proche de celui d'un aigle royal. Par réflexe, il prit son envol. Mais le feu dévorait déjà ses ailes… Le regard de Sally illustrait sa peur concernant Déziel. Une Peur qu'elle évoquait quelques minutes avant. Elle avait déjà dû assister à ce genre de situation… Par le passé, le Dragalion l'avait certainement protégée des divers prédateurs. Mais c'était sans doute la première fois qu'il attaquait un Archange… Ce dernier tomba du ciel comme une comète. Il était bel et bien mort. L'odeur qui se dégageait de son corps me fit honteusement penser à celle d'un poulet trop cuit.
    - La maison de la Poétesse a pris feu ! Me prévint Sally.
    Je me précipitais à l'intérieur, en dépit de l’incendie. Je pris la jeune femme dans mes bras, afin de la sortir des flammes.
    - Non, me supplia-t-elle. Laissez-moi ici.
    - Pourquoi Poétesse, pourquoi…
    - Je savais que j'allais mourir aujourd'hui, et croyez-moi, je… je ne suis pas triste… j'étais plus… plus qu'impatiente à l'idée d'être enfin libérée de… mes visions… de… ce fardeau…
    -Malgré mon immense compassion, je l'interrogeais sur notre devenir.
    - Le livre est détruit, dites-moi ce que je dois- faire. Où devons-nous aller à présent ??
    - Ce n'est pas un lieu…me répétait-elle. Ce… n'est pas un lieu… Ce n'est pas…
    Alors que les flammes dévoraient peu à peu sa maison, la voix de la poétesse s'éteignaient à jamais.
    - C'est fini Prince, on ne peut plus rien pour elle, me dit Sally. Prince, vous m'entendez ? Nous devons fuir immédiatement! J'entends les trompettes de l'escadron ! Les autres Archanges vont arriver dans un instant !!
    - Humpf… Entre leur supériorité numérique, leurs armes et leurs aptitudes au combat, nous n'aurons aucune chance. Mais nous avons un autre problème de taille ! La maison de la poétesse était le seul abri de cette montagne, et…
    - Oh non, s'écria l'Ange blond, la nuit tombe ! Nous sommes perdus !!!






    Saison 1 Episode 3: Feralis Invictus

    25/11/2006 18:02

    Saison 1 Episode 3: Feralis Invictus


    - Je crois bien que nos beaux jours sont derrière nous… Soupirais-je.
    - Qu’est-ce qui te fait dire cela étranger ? Le fait qu’un escadron d’archanges soit à nos trousses ? Que la nuit tombe ? Que le seul abris à notre portée a été détruit et que de surcroît, nous n’avons aucune arme ? vociféra ironiquement le dragalion dans un soupire de souffre et de fumée.
    - Déziel, tu viens de réduire un archange à l’état de cendres. Chez nous, un lance-flammes peut être considéré comme une arme !
    - Je ne peux le faire qu’une fois par jour. Le créateur a doté notre espèce du don de la parole, d’une mémoire exceptionnelle et de vi... Le dragalion, embarrassé, se tût aussitôt sans terminer sa phrase, puis il reprit : Humpf… Je crains qu’en contrepartie, il nous ait donné des limites physiques. Mais l’instant est mal choisit pour discuter « origines et anatomie » !
    - Il a raison mon prince, s’exclama Sally, la rage au cœur. Nous devons fuir. Le premier soleil vient de se coucher, le second ne va pas tarder à le suivre. Les créatures qui se réveillent, la nuit tombée, ne nous laisseront aucune chance.
    La voix de Sally devint plus sombre, telle une onde de colère et d’amertume que nul ne pouvait ignorer. A ce sentiment, se mélangeait une crainte certaine, qu’elle tentait de dissimuler… Alors que nous courrions pour échapper à l’escadron, je ne pouvais pas m’empêcher de prêter attention à l’ange blond. Je la connaissais depuis peu, mais aussi étrange que cela puisse sembler, je la « ressentais ». Un peu comme si je l’avais connue depuis mon plus jeune âge. Etait-ce là le fruit de mes fantasmes ou l’écho lointain d’un souvenir délavé ? Comment le savoir, quand la mémoire fait défaut ? Le rituel qui m’a sauvé la vie avait, dans le processus, effacé mon identité. J’ignorais tout de mon parcours, de mon vécu. Néanmoins, je me sentais proche de Sally. Ce rituel m’avait-il lié à ma bienfaitrice à jamais ? Ou était-ce simplement la magie de… l’amour !?? Plus curieux que jamais, je lui demandais :
    - Parlez-moi de ces créatures, Sally. J’ai besoin de comprendre ce que nous allons affronter.
    - Ce sont des feralis… Nous les appelons aussi les non-vivants.
    Les mots de Sally eurent le don de me glacer le sang. Si seulement cela avait pu atténuer ma souffrance : la paume de ma main droite était brûlée et j’avais sous estimé la douleur que la flèche de l’Archange pouvait causer.
    - Il faut rebrousser chemin !
    - Tu veux notre mort étranger ? rétorqua le dragalion. Nous allons sans doute trépasser ce soir, mais ce n’est pas une raison pour faciliter la tâche de nos ennemis !
    - Tu ne comprends pas Déziel ! C’est avec une flèche que l’archange a tué la poétesse. Son bout était enflammé mais son corps brûlant, lui, était en métal ! Avec un peu de chance, je vais pouvoir récupérer son arsenal et le retourner contre eux ! Qu’ils soient archanges ou feralis !!!
    - Saurez-vous utiliser un arc ?
    - Mieux que moi, vous vous doutez bien que je ne peux m’en souvenir Sally… Mais croisons les doigts. C’est l’occasion de s’en assurer ! Et si je suis bien le héros prophétique que vous croyez, je devrais m’en sortir comme un chef, non ?
    - Laissez-moi chercher cet arc. J’irai bien plus vite que vous, en volant.
    - Sally, non ! Nous ne devons pas nous séparer !
    L’ange me sourit, mon cœur chavirait plus que jamais…
    - J’ai fait mon choix, mon prince.
    Elle prit son envol, avec toute la majesté qui lui est propre. Sur terre, Sally était une très belle femme. Dans le ciel, elle était encore plus belle. Elle prenait alors une dimension divine, inégalée. Comme si la pureté de ses traits, de ses courbes et de son visage se révélait tout particulièrement lorsqu’elle volait. Je tremblais à l’idée qu’il puisse arriver malheur à tant de beauté…
    - Etranger, aie confiance. Sally est une experte dès qu’il s’agit de voler. Elle est plus rapide que nous tous, ici. Continue de courir, elle n’aura aucune difficulté à nous rattraper.
    - Mais alors… Je la ralentis ! Juste ciel ! Il faut me laisser ici !
    - Humpf… Hors de question. Tu dois vivre.
    Je « dois » vivre. Le mot était bien choisi. Le dragalion me rappelait ainsi tous mes devoirs : une prophétie annonce la fin de toute vie, le jour où les archanges prendront possession de l’épée de Cléador. Ma mission est de la retrouver avant eux. Je ne peux faillir, quel qu’en soit le prix. Que le ciel fasse que ce prix ne soit pas la vie de Sally. Je ne pourrai pas le supporter. Je pourrai encore moins me le pardonner. Mais dans l’immédiat, mes craintes n’avaient plus de raison d’être. Sally était de retour avec l’arc… et l’armure de l’archange défunt !
    - Vite mon prince ! L’escadron arrive !
    Effectivement, à peine eu-je le temps d’enfiler l’armure, qu’une nuée d’Archanges pointa à l’horizon. On aurait dit une migration d’hommes oiseaux, vêtus de noir et d’argent. Combien étaient-ils ? Une dizaine ? Un peu plus peut-être… Je me concentrais et ouvrais grand les yeux. Tous mes sens étaient en alerte. Je sommais Sally de se cacher derrière moi. Déziel, lui, restait dans les airs, impassible. Je me demandais pour quelle raison il ne démontrait aucun signe d’angoisse. Peut-être n’éprouvait-il rien. Ni peur, ni joie, ni compassion…
    Je pris une des flèches, banda mon arc. Prêt à tirer, j’espérais encore une possible négociation. En vain. Un des archanges tira le premier. Et quelle que fût sa cible, elle était manquée… Je n’allais certainement pas m’en plaindre ! Tout en retenant mon souffle, je tirai à mon tour. Ma flèche fit mouche, traversant l’épaule d’un des archanges. Le choc le fit perdre son équilibre, avant basculer dans une chute, sans doute bien plus grave que le coup que je venais de lui porter. Yawoow ! Criai-je intérieurement… Peut-être étais-je bien ce héros que je ne pensai pas être. L’escadron opta pour une position plus stratégique. Deux archanges avançaient face à moi, tandis que deux groupes de quatre s’écartaient à gauche et à droite.
    Ils nous cernaient, sachant qu’il m’était impossible de gérer ces trois groupes à la fois. Je lançai alors une deuxième flèche. Elle disparu dans le ciel, sans jamais les toucher.
    Je me tournais légèrement en en lançant une troisième, tout aussi inefficace. Quelle calamité ! Je gaspillais ainsi nos munitions… Sally poussa un cri étouffé. Je me retournais avec désolation et inquiétude. Inquiétude pour l’ange blond. Désolation car je comprenais trop bien que nous avions déjà perdu. Un des archanges s’était posé et l’avait capturée. La main posée sur sa bouche, il l’empêchait de pouvoir prononcer le moindre mot. Je sentis à cet instant la pointe aiguisée d’une flèche contre ma nuque.
    - Ne bouge pas ! ou tu risques de le regretter amèrement!
    Alors que ma fin semblait proche, Sally était mon unique préoccupation.
    - Laissez la partir. Elle est des vôtres…
    - Nous savons très bien qui elle est. Pour quelle raison devrions-nous faire exception et la laisser filer ? Un Ange qui se rabaisse pour un humain ne vaut pas mieux qu’un humain. En choisissant de prendre ton parti, elle s’est exclue de notre élite. Elle en connaît les conséquences… Elle en perdra ses ailes.
    - Non !!! Vous ne pouvez pas lui faire cela !! Prenez ma vie, mais laissez-la, je vous en prie ! Suppliai-je, tout en regardant Sally. Le désespoir dans les yeux, elle remuait la tête pour me dire « non ».
    - Nous n’allons pas prendre ta vie, car tu vas nous être très utile, me dit l’Archange en riant. Mais avant, nous devons partir. La nuit tombe.
    - Elle est déjà tombée, imbécile...
    Une voix caverneuse, tout droit sortie d’outre-tombe. Alors que le sol se mit à trembler sous nos pieds, j’aperçus l’invraisemblable créature qui venait de prononcer ces quelques mots. Il portait une sorte de long manteau de cuir noir, qui accompagnait sa silhouette anguleuse et ses épaules légèrement pointues. Son visage était ténébreux, inquiétant et hypnotisant.
    - Mon nom est Lerival, dit la créature à l’archange.
    - Un feralis ! Tous en formation !!!
    En un éclair, la créature se jeta au cou de L’archange. Tout en s’agrippant à lui, le feralis déploya ses ailes. Etait-ce un ange déchu ? Non. Ses ailes ne ressemblaient en rien à celles d’un ange. Alors que la pénombre rendait l’horrible spectacle difficile à discerner, les cris de l’archange révélaient néanmoins la violence des coups que le feralis lui portait.
    Le sol tremblait de plus belle, s’ouvrant devant les yeux terrorisés des archanges. Une cinquantaine de feralis sortirent de la brèche, dans un nuage noir, plus sombre encore que la nuit même. La panique s’empara de l’escadron. Certains tentèrent de fuir, d’autres prirent les armes. L’archange qui tenait Sally lâcha prise. Elle lui donna un cou de coude au visage et se précipita vers moi…
    - Qu’allons-nous faire Prince ?
    Alors que le chaos, les hurlements et les cris rendaient la situation insoutenable, alors que je croyais goûter à l’enfer, alors que je croyais vivre mes derniers instants, la voix de Sally m’apparut comme un doux songe. Un songe réconfortant… Je lui pris la main.
    - Nous allons nous battre jusqu’à la fin, mon ange…
    Elle me sourit, plus déterminée que jamais.
    - Très bien…
    Dos à dos, nous nous protégions. Sally se servait à deux mains d’une flèche, comme s’il s’agissait d’une petite lance. De mon côté, je repris l’arc. Entre la pénombre, la vitesse des feralis et des archanges, je n’en touchais aucun. Pour piètre consolation, je n’avais pas le souci de blesser un allié par accident. Que ce fut un feralis ou un archange, une flèche qui pouvait faire mouche était une flèche bénie ! Très vite, j’épuisais toutes les flèches. J’étais démuni. Alors que les archanges tombaient un à un, un groupe de feralis s’approcha de nous. C’était la fin.
    - Laissez les tranquilles ! Commanda Lerival.
    Ce dernier avait une allure plus classieuse et plus humaine que ses congénères. Il leur était supérieur, à tous les niveaux. Je comprenais, aussi loin qu’on puisse comprendre la hiérarchie d’une telle espèce, qu’il était en quelque sorte leur chef. Il se posa sur la terre ferme, et marcha lentement vers moi. Me voulait-il pour lui ? Voulait-il ma vie et mon âme ? Il prit mon visage dans sa main, pencha sa tête sur le côté. Ses yeux se mirent à briller dans la nuit. Il approcha son visage du mien, renifla mon odeur, ferma les yeux.
    - Tu n’es pas de ce monde… Chuchota-t-il à mon oreille. Tu as fait un long voyage et tu es arrivé ici il y a peu. Je connais ton odeur. Elle ressemble à celle du Roi. Je sais qui tu es…
    - Et toi tu es mort ! Cria Sally, tout en lui plantant la flèche dans le cœur.
    Le feralis recula d’un pas. Son visage était crispé…
    - Ah… Sally, toujours la même. Tu devrais quand même savoir qu’il est très difficile de m’éliminer.
    - Difficile, mais pas impossible ! Un jour, tu paieras pour tes crimes !
    - Tttt… Il est temps que tu redescendes sur terre, petit ange. Tu n’as rien pu faire contre moi par le passé. En quoi cela changerait aujourd’hui ? dit le feralis, tout en arrachant la flèche de ses entrailles.
    - Nous avons une dette de sang et je te promets que je n’aurai de cesse que d’accomplir ma vengeance ! Tu as tué mon…
    - Oh assez ! Je connais ce refrain par cœur ! Cela commence à être usant, à force… De toute façon, que comptes-tu faire pour le venger ??? Me donner un coup d’aile dans le nez ? M’attaquer à coup de plumes ? dit-il en riant. Tu n’es rien Sally. Rien du tout. Tu n’es pas la vie que j’ai envie de prendre. Tu n’es même pas le sang que j’ai envie de boire. Tu n’es qu’un amas de colère et de souffrance. Et c’est ainsi que j’aime à te voir vivre. Savoir que tes tourments te détruisent à petit feu est un délice dont je ne tiens pas à me passer… Quant à toi, prince des hommes, je te laisse vivre aussi. Ne vas pas croire que c’est là de la pitié ou de la clémence. Comme toute créature importante de ce Royaume, je connais la prophétie. Si tu meures et si les archanges trouvent l’épée de Cléador, ce sera la fin de tout ce qui existe. « La guerre sera suivie du chaos, de l’apocalypse, puis du vide »… Je tiens trop à mon existence pour permettre cela.
    - Humpf et bien si tu nous relâchais, au lieu de nous assommer avec ton discours…
    - Déziel. Dragalion arrogant qui ferai bien de se taire, s’il ne veut pas que je révèle son terrible secret.
    - Je ne vois de quoi tu parles ! Humpf… Oh, si. Je comprends. Tu dis cela pour semer le doute et la zizanie !
    - Tttt… Ne prends pas ma patience à défaut. Je suis à deux griffes de tout dévoiler. Mais tu as raison, misérable dragalion. Le doute sera bien pire que mes révélations à ton sujet. Qu’on les laisse partir ! Dit-il, s’adressant aux autres feralis. Et dites au collectif, de ne pas toucher à un de leurs cheveux ou écaille ! Vous voyez, mes « amis », vous pourrez circuler à votre guise, de jour comme de nuit. Mais notre histoire ne s’arrête pas ici. Prince des hommes, si tu accomplie ta destinée, nous serons l’un pour l’autre des ennemis mortels. Nos routes se croiseront à nouveau, mais cette fois-ci, tu n’en reviendras pas.
    - S’il accomplit sa destinée, il sera ce héros dont la légende parle. Répondit Sally. Et ce héros aura plus de pouvoirs et ressources que tu ne peux l’imaginer… Et ce sera ta fin, Lerival !
    - C’est ce que tu crois, petite Sally. Mais je comprends mieux pourquoi tu as défié les tiens pour aider le prince. Ce n’est pas par altruisme, mais pur égoïsme. Le prince est l’instrument de ta vengeance, n’est-ce pas ? Le feralis se mit à rire à nouveau. Il replongea son regard dans le mien et me dit : ne me racontes pas que tu croyais en la « bonté » de Sally ?! Tu ne réponds pas, prince des hommes ? Ne me dis pas que tu crois que c’est de l’amour qui vous unit ? Ah ah ah… Oh! Comme c’est attendrissant ! Saches que cette douce illusion te perdra. Et je serai aux premières loges pour assister à ta chute ! Et quand tu n’auras plus aucun espoir, tu me supplieras de prendre ta vie…
    - Déziel à raison ! Vous n’êtes qu’un vil manipulateur !
    - Oui, mais de nous, je ne suis pas le pire… Lerival déploya à nouveau ses ailes de chauve-souris, et s’adressa à sa meute. Il est temps de partir, nous avons pris suffisamment d’âmes et de sang ce soir !
    Alors que le groupe de feralis s’éloignait, je soupirai de soulagement. Je pris Sally dans mes bras. Sa colère se changea en larmes…
    - Oh... Mon prince, je hais cette créature. Il a causé tant de souffrance, tant de mal…
    - Je vous crois Sally. Je vous crois…
    - Humpf… Sally a d’excellentes raisons de haïr les feralis. Et en particulier Lerival.
    - C’est vrai Sally. Vous avez parlé d’une dette de sang… J’ai confiance en vous. Il est temps de me retournez la faveur. Racontez-moi tout !
    - Très bien… Aussi vrai que les anges sont des enfants du ciel, les feralis sont les rejetons de la terre. Ils vivent dans les entrailles les plus sombres de notre Royaume… Nous sommes à la lumière ce que ces prédateurs sont aux ténèbres. Ils sont sans pitié et se nourrissent de nos vies, mais aussi de nos âmes. Pour une raison que nous ignorons, ils ne peuvent pénétrer dans nos maisons. Quelles soient de bois ou de pierre, immenses ou humbles… Dès le plus jeune âge, notre mère nous enseignait les rudiments de survie : sortir de jour, ne jamais s’éloigner d’une habitation, en particulier en fin de journée. Enfants, nous avions tous entendu des histoires terrifiantes sur les feralis. Fascinée et curieuse, il m’arrivait de les observer par la lucarne de ma chambre C’était une sorte d’attraction malsaine que je partageais avec mon frère. Notre mère nous mettait en garde, pourtant… Nous ne l’écoutions pas. Nous n’en faisions qu’à notre tête à cette époque, jusqu’au jour où mon frère a…
    Ce n’était pas la première fois que Sally me parlait de son frère avec un sanglot dans la voix. La détresse et la souffrance qui se lisaient dans son regard m’amenaient à imaginer le pire… L’ange vêtu de blanc, ne portait-elle pas en son cœur, un deuil inachevé ?
    Excusez-moi, prince. C’est bien trop dur. J’ai encore besoin de temps. Depuis qu’il est mort, je… Sally se mit à pleurer de chaudes larmes. A ma surprise, elles scintillaient comme une coulée de diamant liquide. Même lorsqu’elle pleurait Sally était de toute beauté. Elle se blottit alors dans mes bras.
    - Oh Sally… Je ne sais quels mots vous dire, pour soulager votre peine. Mais je crains que rien ne puisse alléger la perte d’un être aimé. Alors, je veux juste que vous sachiez que je suis là, pour vous. Je ne vous quitterai pas, aussi longtemps que je vivrai. Je vous le promets. Je serai toujours là…
    - Humpf… Nous voilà rassurés, dit le dragalion, toujours aussi cynique. Mais que faire maintenant ?
    - Pourquoi ne pas nous laisser en paix quelques minutes ? Ne vois-tu pas que Sally a de la peine ?
    - Il a raison mon prince. Nous devons agir ! Si je me laisse aller aux larmes encore un peu, je n’arriverai pas à me relever…
    - Je propose qu’on s’organise un peu. D’abord, à défaut de savoir où aller, il faut déjà s’armer ! Ramassons le maximum de flèches. Humpf… Sally, tu vas devoir apprendre à t’en servir. Ensuite, nous allons faire un feu, analyser la situation et nous reposer un peu. Nous rependrons la marche demain.
    Aussi vrai que le dragalion pouvait être parfois très antipathique, je lui reconnaissais pour qualité, son pragmatisme et son bon sens. Cela me rassurait un peu. D’un côté, Sally m’apportait un soutien émotionnel, qui j’espère était réciproque. De l’autre, Déziel m’apportait un soutien stratégique non négligeable.
    - A propos d’armes Déziel, pour quelle raison tu ne peux cracher des flammes qu’une fois par jour ??
    - Humpf… Notre espèce sécrète une substance qui est stockée dans nos flancs. C’est une sorte de carburant. Même si nous ressemblons à des dragons, les dragalions sont bien plus petits. Notre stock est donc en proportion ! J’ai épuisé tout ce que j’avais contre l’Archange. Il me faudra des heures pour faire le plein. Humpf… J’allais oublier de préciser un autre point de différence. Notre substance ne s’enflamme pas spontanément à l’air libre. Il nous faut un déclencheur ! Une flamme ou une étincelle.
    - C’est donc pour cela que tu t’es jeté sur la croix de pierre et que tu y as donné de grands coups de gueule, quand le premier archange nous a attaqué !!
    - Tu as tout compris, rétorqua le dragalion. Mais que fais-tu donc à terre?
    - Je cherche un silex. Rien ne nous dit qu’à l’avenir nous aurons une croix à portée de tes dents ! Même si les feralis ne représentent plus un danger pour nous, j’imagine qu’ils ne sont pas les seuls prédateurs de ce royaume et en cas extrême, tes flammes seront les bienvenues. A ce propos, les feralis me font vraiment penser à des vampires : ils sucent le sang, volent les âmes et ne peuvent pénétrer les foyers. Cela ne peut pas être une coïncidence ! D’ailleurs, comme eux, ils ne sortent pas le jour ! Pour quelle raison ? Ils se consument au soleil ?
    - « Sub consciae Deus, occlusa janua est interdiu ».
    A la surprise générale, la réponse ne vint ni de Sally, ni de Déziel. Un homme d’un certain âge se tenait fièrement, juste dernière nous. Je pris immédiatement l’arc et me positionna pour le tir.
    - Vous ne risquez pas de m’impressionner. Vous êtes un piètre tireur, me dit le vieil homme.
    - Qui êtes-vous ? Et ne bougez pas, je pourrai très bien réussir mon coup cette fois-ci !
    - Ah… La jeunesse. Toujours impatiente et présomptueuse. Aucun de vous ne m’a vu venir. Si je voulais vous faire du mal, vous seriez déjà mort…
    - Si ce n’est pas du mal, que voulez-vous de nous alors?
    - « Si vis pacem para bellum »
    - Mais encore ?
    - Cela signifie « Qui veut la paix prépare la guerre ». Et de toute évidence, vous n’êtes pas prêt. Sans un entraînement approprié, sans guide, vous ne ferez pas long feu.
    - Pourquoi devrions-nous vous croire ?
    - J’ai entraîné votre père, il y a des années de cela… et cela lui a réussi. Alors suivez-moi, si vous voulez vivre…






    La morsure

    25/11/2006 18:13

    La morsure


    Trop c'est trop ! Aussi vrai que je ne demandais pas mieux que de faire confiance, là je craquais. Pour la première fois.
    - Alors, qui va me dire exactement ce qui se passe ici ?! Demandai-je d'un ton agacé.
    Personne pour me répondre ??? D'abord, on me téléporte à moitié mort, dans ce royaume peuplé d'anges et de créatures fantastiques. Ensuite, je suis sauvé juste avant le trépas, par un rituel qui efface ma mémoire ! On m'apprend alors que je suis un héros prophétique qui doit sauver ce monde et l'univers entier. Rien que ça… Puis j'ai le plaisir de découvrir qu'un des mes compagnons de route est un dragon nain antipathique !
    - Dragalion, pas dragon nain, rétorqua Déziel
    - Si tu veux ! Ensuite on m'emmène à la rencontre d'une prophétesse…
    - Poétesse, précisa Déziel
    - Oui, bon… Celle-ci, sensée me livrer des révélations me concernant, me récite un poème incompréhensible, avant de se faire tuer sous mes yeux par un archange, dont l'escadron tentera de nous capturer avant de se faire décimer entièrement par des vampires …
    - Des feralis, grommela le dragalion.
    - Cesse de m'interrompre ! J'en ai marre qu'on me dise ce que je dois dire, ce que je dois faire ! Trop de questions laissées en suspend, et des réponses trop floues !!! C'est ainsi depuis le début ! Ok, je suis un novice ici, et je ne connais
    rien de vos vies, de vos règles ! Mais comment voulez-vous que je fasse si on ne me dit si peu de choses !! Je ne suis pas un pantin, et je refuse d'en être un ! J'ai eu confiance en Sally dès notre rencontre. Mais là, trop c'est trop ! Hors de question que ce vieil homme, sorti de nulle part, me donne des ordres !
    - Tout d'abord, mon nom est Victor. Ensuite, jeune homme, je ne vous donne aucun ordre, mais un conseil. Vous l'avez dit parfaitement vous-même : vous ne savez rien. Mais je veux bien vous donner les informations dont vous avez besoin, a présent que les feralis sont partis, et que nous sommes hors de danger.
    - Le problème, c'est que je dois croire en vous, que je ne connais pas ! Et la confiance ne se donne pas à tout le monde ! En plus, elle s'installe avec le temps…
    - Là est le problème, mon prince, répondit Sally. Nous manquons de temps. Sanctuary, le château du royaume, a été prit d'assaut par les archanges. Dieu merci, ils ne peuvent pénétrer dans la salle du trône sans l'épée de Cléador. Mais combien de temps encore, avant qu'ils ne retrouvent l'épée ??
    - Cléador, Sanctuary, la prophétie… Comment savoir si ceci n'est pas un tissu de mensonge ?!?
    - Oh, mon prince, je crois que Lerival a réussi son coup… Il a semé le doute dans votre esprit et je ne sais que dire pour vous prouver que je suis sincère, dit l'ange blond avec détresse dans les yeux.
    - Lerival a dit que je n'étais que l'instrument de votre vengeance, Sally. Je ne veux pas le croire. Mais ses mots raisonnent dans ma tête, et je n'arrive pas à les chasser…
    - C'est là tout son pouvoir, ajouta Victor. Et cela va au-delà de la simple manipulation verbale. Je ne suis pas de taille à lutter contre un manipulateur
    de cette envergure ; et je ne suis pas en mesure de confirmer ou démentir la validité de vos doutes concernant Sally. Je peux juste vous dire ce que je sais. Asseyons-nous un instant, et prenons le temps de parler.
    - Oui ! Parlez-moi de la prophétie, et de ce mal qui a prit possession des archanges… J'ai besoin de comprendre.
    - Tout d'abord, je vais vous raconter le peu que nous savons sur l'origine de notre monde… Il y a très longtemps, toutes les créatures d'Arthelius vivaient en harmonie. Il n'y avait ni violence, ni guerre. Anges et archanges vivaient en paix, jusqu'à la rupture originelle.
    - La rupture ?
    - Un mal qui a surgit, dont on sait où. Une sorte de haine et violence qui se propageait sournoisement. Naguère terre d'amour et de paix, Arthelius devenait peu à peu une terre de désolation. Les anges et archanges s'entretuaient…
    L'espoir, le rêve, disparaissaient. La fin semblait inévitable. Peut-être aurait-ce été mieux ainsi… Le sort en était jeté. Jusqu'à l'arrivée du premier être humain à Arthelius. Il fut le providentiel sauveur de ce monde. Nulle ne sait comment et
    en combien de temps il a vaincu le mal. Mais l'essentiel, c'est qu'il avait rétabli la paix en nos terres, même si celles-ci étaient à jamais transformées. Arthelius portait les stigmates et les cicatrices de cette folie, de cette guerre passée.
    Trop nombreuses étaient les victimes et les souffrances… Honteux et repentis de leurs comportements, les anges et archanges invoquèrent un sorcier puissant, qui via une formule magique, leur interdisait et empêchait de s'entretuer. Le sorcier s'exécuta. Une fois le sort lancé, constat fut que le sorcier avait réussi la mission qui lui était demandée. En contrepartie, les archanges lui offrirent de vastes terres. Quant à l'homme, à l'aide des anges et des mages, il entreprit de
    bâtir Sanctuary, un Château gigantesque, qui devint le sanctuaire de toute créature vivante. Là où nous trouvons la paix, le repos, les soins et
    l'amour dont nous avons tous besoin. Emprunt de magie et de mystères, la salle du trône renferme un pouvoir inimaginable. Sa mission accomplie, l'homme souhaita retourner sur terre, parmi les siens. Les anges demandèrent néanmoins
    à cet homme de rester en ce royaume. Ils redoutaient que le mal puisse se réveiller, une fois leur sauveur parti. A contre coeur, cet homme devint le tout premier roi d'Arthelius. Il hérita d'un pouvoir qu'il n'avait jamais voulu.
    Ainsi commença la légende qui veut que le pouvoir soit donné seulement à celui qui ne le veut ou ne le recherche pas… C'est ainsi qu'Arthelius pouvait renaître de ses cendres et prospérer sereinement. Jusqu'au jour où les mages du
    royaume firent une découverte surprenante. Un livre, vieux, plus vieux encore que l'écriture angélique. Les mages mirent des années à en déchiffrer une petite partie. Avec stupeurs, ils comprirent que ce livre détenait les clefs de
    l'avenir. Tout ce qui s'était passé jusqu'à présent était écrit : Le réveil du mal, l'arrivée d'un sauveur humain, la construction de Sanctuary. Tout y était inscrit, ainsi qu'une prophétie terrible, qui parle de la fin du monde et de tout ce qui vit, le
    jour où un archange prendra les commandes du royaume. Le premier roi, sensible à ce danger potentiel, fit condamner les fenêtres de la salle du trône. Il y ajouta deux portes immenses, qui sont le seul moyen d'y accéder. Les portes, ont
    été construites du métal le plus résistant que l'on peut trouver ici. Renforcées par un rituel magique, seule l'épée de Cléador peut les ouvrir. Des siècles se sont écoulés depuis cette histoire. Malheureusement, les archanges ont la mémoire
    courte, et la nouvelle génération semble ignorer cette souffrance passée. L'histoire se répète. Le mal semble s'être réveillé depuis la disparition de votre père, le dernier roi en date.

    - Mon père…
    Ce mot n'évoquait aucun souvenir, ce qui était tristement normal. Mais j'espérais au fond de moi ressentir au moins un je ne sais quoi de tristesse ou de
    nostalgie. Au pire de la colère. Mais le pire, ce n'était pas de la colère. Le pire, c'était le vide. Le rien. Aucune émotion. Plus que jamais, je me sentais
    comme une coquille vide ; Comme un objet pratique qu'on utilise à sa guise. Comme l'instrument… d'une vengeance ? Et si Lerival disait vrai ? Grand Dieu, non ! Je m'étais promis de croire en Sally, mais ce doute était là, bousculant mes
    pensées, narguant ma raison… J'aurais tant voulu oublier ces mots… Je me forçais à reprendre le fil de la discussion….
    - Mon père… Parlez-moi de lui ! Vous avez dit l'avoir entraîné jadis !
    - Votre père, Phileas, est un homme bon.
    Raisonnablement bon. Généreux, dévoué. On ne lui connaît que des qualités. Tout comme ses prédécesseurs, il a su régner en toute humilité et succès, jusqu'à sa disparition…
    Victor parlait de mon père avec tant d'éloge. Etait ce là la réalité de l'histoire, ou bien l'élan de respect nouveau que suscitent les morts, à qui l'on doit le plus grand hommage, même s'ils se sont comportés comme des monstres lors de leur vivant ? Les paroles du vieil homme avaient un arrière goût d'éloges funèbres.
    - J'étais son maître d'arme, au tout début de son règne. Tout comme vous, il ignorait les règles de ce monde et l'art du combat. Je lui ai enseigné tout
    ce que je savais, et aujourd'hui, c'est à votre tour ! Mais pour cela, il nous faut quitter la montagne, pour rejoindre ma demeure qui se trouve à une
    journée d'ici... Nous y trouverons tout ce dont nous avons besoin.
    Le vieil homme avait raison. La poétesse étant morte, son livre des révélations étant détruit, nous étions revenus à la case de départ. Nous n'avions
    plus rien à faire ici.
    - Très bien Victor. Si Sally & Déziel sont d'accords, je suis prêt à aller chez vous, pour suivre cet… entraînement !

    LE LENDEMAIN

    La maison de Victor était assez reculée de tout. On apercevait ici et là d'autres habitations, mais dans sa globalité, on peut dire qu'il ne manquait pas d'espace vital. De bois et de pierre, la façade était d'une banalité formidable. Qui aurait
    pu penser un instant que la demeure cachait une salle d'entraînement, munie d'un véritable arsenal. Arcs, arbalètes, pistolets, masses, couteaux, sabres. Je faisais l'inventaire rapide de ce que j'apercevais. Il y avait même des armes que je n'aurai pas su identifier.
    - Waow ! On peut dire que vous avez de quoi faire !
    - J'ai quitté ma fonction de maître d'armes, il y a quelques années. Mais
    ma fonction ne m'a pas quitté, dit-il d'un air léger. On ne se refait pas. Surtout à
    mon âge. Mon garçon, passons aux choses sérieuses. Tout d'abord, il va falloir que vous appreniez à vous faire choisir !
    - Pardon ???
    - Oui, contrairement à ce que l'on croit, on ne fait pas tant de choix dans cette vie. Et en ce qui concerne cet entraînement, la règle est sensiblement la même. Nous avons tous des dons. Certains pour le dessin, d'autres la musique. En ce qui vous
    concerne, la question est de découvrir l'instrument avec lequel vous avez le plus d'affinité. Vous n'avez pas vraiment choisit votre arme, lors de votre combat
    contre l'escadron. L'arc fut un choix par défaut. Par manque d'option. L'histoire a parlé. Vous n'êtes pas fait pour cette arme, tout comme votre père d'ailleurs.
    Sally m'observait avec tendresse. Elle me lança un sourire discret. Discrétion qui pourtant n'échappa guère à Victor.
    - Amor vincit omnia, me dit-il
    - Qu'est-ce que cela signifie ? demandais-je. Ce n'était pas la première fois que l'homme s'adressait à nous en latin. Je devinais une certaine érudition de ce personnage haut en couleur.
    - Vous le saurez assez vite dit-il, d'un air complice. Bon, nous allons commencer par l'épée. Phileas appréciait particulièrement cette arme de proximité.
    Imposante et écrasante. Cela lui allait bien. Pendant plus d'une heure, Victor m'enseigna le port de l'arme. La maniement. Les coups, et les gestes
    qui protègent, ceux qui blessent. Ceux qui tuent… Satisfait de cette première approche, le vieil homme suggéra de passer à une autre arme.
    - Sally, pouvez-vous chercher la dague, qui se trouve dans le grand coffre, qui se trouve à l'autre bout de la salle ? demanda-t-il.
    Sans même répondre, l'Ange s'envola. La salle était certes immense, le coffre assez loin, mais je crois que tout prétexte était bon pour prendre son
    envol. Sally aimait voler. Plus encore, elle en avait un besoin fou. Mon sang se glaçait alors qu'elle se mit à soulever le couvercle du coffre. Sally y plongea
    sa main avant de pousser un cri terrifiant, amplifié par l'écho de la pièce. La belle Sally recula tout en essayant de prendre son envol, avant de retomber aussitôt. Suivi de Déziel et de Victor, je me précipitais vers elle. Que la distance entre nous
    semblait grande. Des sentiments chaotiques traversaient mon esprit. Le principal étant le remord.
    - Humpf ! Elle s'est fait mordre par un viralien !
    Le dragalion se jeta sur cette petite créature visqueuse qui venait d'attaquer Sally. Plusieurs coup de gueules saccadés précédèrent une mise à mort rapide et sans appel. Comme à son habitude, en cas de danger, le dragalion faisait preuve d'une
    férocité surprenante.
    - Sally, Sally… parlez-moi…
    L'ange blond se tordait de douleur. Ses doigts se crispaient… De sa bouche quelques étoiles sortaient de façon anarchique. Essayait-elle de se soigner, utilisant le même rituel qui m'avait sauvé la vie ?
    - Courage Sally…
    - Humpf…
    Nous ne pouvons rien faire pour l'instant. Le venin du viralien a déjà commencé son effet. Elle n'est même plus assez forte pour tenter de renverser le processus. L'infection a commencé…
    Le vieil homme enleva sa veste de velours, et la plaça, tel un oreiller, sous la
    tête de Sally.
    - Effectivement, il n'y a plus grand chose à faire.
    - Oui. Sally va mourir… Dit le dragalion, totalement imperturbable.
    - Comment ? Non ! C'est impossible. Je croyais que… Ce n'est pas vrai Déziel !!! lui dis-je, plus que jamais paniqué.
    - Humpf… Le venin du viralien transmet un virus qui se propage très rapidement. Les conséquences en sont une fièvre délirante, très forte, parfois fatale. Si Sally y survit, une paralysie sournoise s'emparera de ses membres, avant d'être totale. Ensuite les fonctions vitales seront touchées. Le coeur en dernier… Dans un dernier souffle, elle nous quittera à jamais.
    - NON !!! hurlai-je, en précipitant sur Victor. Vous le saviez n'est-ce pas ! Vous le saviez !!! Je vais vous tuer sale traître !
    - Comment aurai-je pu savoir qu'un viralien se cachait dans ce coffre, demanda-t-il judicieusement. Je ne le savais pas. Pas plus que vous, n'est ce pas ?
    Le dragalion nous lança un regard suspicieux…
    Quant à moi, je ne savais que répondre. Mon attention se recentra sur la pauvre Sally. Ma belle Sally. Les larmes commençaient à troubler
    ma vue.
    - Tenez-bon Sally. Je vous en supplie, il faut que teniez bon. Que vais-je faire si vous mourrez ? Je vous en prie, ne me laissez pas seul. Ne me laissez pas dans ce monde de fous… L'ange blond, sous l'influence de la fièvre, se mit à parler de façon incohérente.
    - Je… Cléador. Hummm… Non… ceeee… monph…reeer…
    - Oh… Sally, que voulez vous me dire?...
    Je me tournais vers le dragalion. Déziel, est ce du latin ? De L'angélique ???
    La belle me regardait avec ce regard, remplit de désespoir. Elle plaça son index sur ma bouche, pour me taire…
    - …éeerkiacoo…meen… Cé laa guerrrre!
    Le front de Sally était brûlant. La fièvre devint plus forte encore. Il fallait à tout prix réagir !
    - Bon sang, il nous faut de la glace !!! Que quelqu'un aille chercher de la glace !
    - Nous n'en avons pas ici. On peut en trouver à Frosine, mais c'est à 3 jours d'ici. Il sera bien trop tard, dit le vieil homme.
    - De l'eau fraîche. Victor, trouvez-moi de l'eau fraîche. Tout de suite !!! Déziel, toi, bats des ailes afin de refroidir l'air autour d'elle…
    - Mooon… Prince… Des douuutes… Nooon… - Chut, Sally, épargnez vos forces ; Vous devez survivre à cette fièvre…
    - Jeee ne… neeee vouus ai jam…ais mentii… Aces mots, j'éclatais en sanglot…
    - Pardon Sally. Pardon d'avoir douté de vous. Pardon de ne pas avoir été assez fort… pardon d'avoir permis à Lerival de semer le doute entre nous… pardon, Sally… pardon… pardon… Victor revint sans eau. Il ne m'en fallut pas plus
    pour me jeter sur lui, la rage au coeur…
    - C'est sa mort que vous voulez n'est-ce pas !! Qui êtes-vous ! Que voulez-vous vieil homme !
    - Ne dites pas n'importe quoi. Je suis venu vous dire que j'ai fait couler un bain d'eau froide, et qu'il fallait l'y emmener immédiatement. Le bain fit son effet. La fièvre tombait peu à peu.
    - Vous allez déjà mieux, mon ange. Si l'eau fraîche vous a fait du bien, je sais au fond de moi que vous vous êtes battue de toutes vos
    forces pour survivre…
    - Oui.. Mais… mais quel intérêt de survivre, pour si peu de temps. La paralysie me guette, et elle est sans merci, répondit-elle.
    - Que ce soit une heure, ou une journée, je vous veux en vie, car je garde l'espoir. Il doit bien exister un antidote…
    - Oui, il en existe un. Mais sa préparation requière de nombreuses herbes et autres ingrédients. Et quand bien même, l'antidote demande plusieurs jours de préparation. Il sera trop tard de toute façon, confessa Victor.
    - Humpf… Il reste une alternative. A Sanctuary, nous avons une salle de soin. On y
    trouve tous les antidotes et potions connues à ce jour. De mémoire, il reste une dizaine de fiole dans les stocks.
    - Non ! chuchota Sally. Vous ne pouvez aller là bas. Le château est envahit par les archanges. Nous n'avons aucune chance.
    - Tant qu'il y a de la vie, j'ai de l'espoir Sally. Nous irons à Sanctuary ensembles. Et vous en sortirez guérie ! Ne perdons pas un instant !
    - Je vous accompagne, dit le vieil homme.
    - C'est hors de question !
    - Humpf, ouvrez les yeux : Victor ne sera pas de trop contre une armée d'archanges !
    - Déziel, je sais ce que je dis. On ne peut pas avoir confiance en lui !
    - Mais..
    - Ca suffit Déziel ! J'ai mes raisons. Victor restera ici. Quant à nous, préparons nos
    armes, et partons. Chaque minute compte et peut faire la différence. Je me surprenais moi-même, face à cette détermination nouvelle. J'avais fait une erreur. Je devais la réparer, et personne ne pouvait se mettre entre moi, et ma décision.

    FLASH-BACK : LA VEILLE.

    - Très bien Victor. Si Sally & Déziel sont d'accords, je suis prêt à aller chez vous,
    pour suivre cet… entraînement !
    - Sage décision jeune homme ! Vous ne le regretterez pas ! Autant nous mettre en route tout de suite, long est le chemin. Sally, en tant qu'ange, votre vue a une portée exceptionnelle. Pouvez-vous faire un tour de reconnaissance ?
    - Sally reste avec nous ! On ne sépare pas !
    - Humpf, je peux l'accompagner. J'ai toujours protégé Sally, en quoi cela changerait aujourd'hui ?
    Résigné, j'acceptais de voir l'ange blond prendre son envol. Dès qu'elle s'éloignait de moi, une angoisse irrationnelle s'emparait de tout mon être. J'étais terrifié à l'idée qu'elle ne revienne pas, et que je la perde à jamais.
    - Vous l'aimez n'est-ce pas ? demanda le vieil homme.
    - Est-ce si évident ?
    - Il y a des signes qui ne trompent pas. Mais faîtes attention. Dans ce royaume, l'amour entre un ange et un humain est interdit. Si vous deviez défier, envers et contre tous, les lois de ce monde, assurez-vous d'abord que cet amour est réel et réciproque…
    - Je crois que je l'aime. Je n'arrive pas à m'expliquer comment et pourquoi. M'a-t-elle envoûté, hypnotisé, lavé le cerveau ?? ? Je n'ai aucune réponse, juste des questions. Et c'est encore plus compliqué, depuis que Lerival a semé le doute
    dans mon esprit. Je m'efforce chaque instant de croire en la sincérité de Sally. Je veux la croire. Mais la pensé qu'elle m'utilise peutêtre comme un instrument de sa vengeance contre Lerival m'obsède de plus en plus.
    - Ne vous laissez pas ronger par le doute. Lerival est un virtuose dans ce domaine. Je ne connais pas Sally. Je ne peux pas répondre pour elle. Par contre, je connais un moyen de révéler la vérité. Il existe une créature dont le venin agit comme un sérum de vérité. Il provoque un peu de fièvre, mais cela est sans danger. Si vous l'acceptez, je peux m'arranger pour que Sally se fasse mordre demain, pendant l'entraînement.
    - C'est odieux ! Je ne peux pas accepter cela.
    - Aux grands maux les grands remèdes. Le doute que Lerival a semé dans votre tête, est un doute surnaturel, mystique et irrationnel. Ce doute risque de vous détruire si vous ne faites rien. Vous détruire vous, mais elle aussi. Alors, si le
    procédé vous semble odieux, souvenez-vous que c'est une pour une bonne cause.
    - C'est sans danger, vous êtes certain ?
    - Je vous l'assure.

    RETOUR AU PRÉSENT.
    DANS LES PROFONDEURS DES
    ENTRAILLES D'ARTHELIUS

    - J'espère que vous êtes satisfait, dit Victor, avec une aigreur dans la voix. Le prince, Sally et Déziel sont partis en direction du château…
    - Satisfait ? Bien plus que satisfait, je suis aux anges ! Si je me peux me permettre cette expression, moi, le maître des ténèbres de ce royaume, dit Lerival en riant. Cet idiot de prince est tombé dans le piège que je lui ai tendu. Il n'est pas très malin cela dit…
    - Que voulez-vous dire, demanda Victor.
    - Vous surgissez de nulle part, en pleine nuit, dans une montagne inhabitée. Sans abris. Vous apparaissez, comme si de rien n'était, alors que ma troupe de feralis venait de massacrer un escadron d'archange, et ce Prince ne se pose aucune question !!! En temps normal, personne n'oserait s'aventurer sur la montagne blanche, surtout de pleine nuit ! Si vous n'étiez pas l'instrument de mon plan
    machiavélique, vous n'auriez pas survécu. Il aurait dû se poser les bonnes questions.
    - Profitez bien de son manque d'expérience, Lerival ! Cela ne durera pas. D'après c'est que j'ai vu de l'entraînement, le prince a hérité du potentiel de son père. Il le surpasse même. En peu de temps, il a fait plus de progrès que Phileas en une semaine. Ne le sous estimez pas. Il risque bien de devenir un ennemi de taille. Et peut-être enfin serons-nous débarrassé à jamais de vous !!! dit le vieil homme avec hargne.
    - Ah ah ah… J'adore cette haine que vous avez envers moi. Vous, jadis si fier, si noble, contraint à servir le maître du mensonge. Vous, ami du roi, réduit à l'état de marionnette, dont je tire une à une les ficelles.
    - Je ne peux vous tuer Lerival, mais je prierai chaque instant de ma vie, pour que le prince y parvienne.
    - Rassurez-vous, je compte bien survivre… C'est pour cela que je lui ai tendu ce piège. Nous voici, lui et moi, liés par cet affreux mensonge ! C'est un secret inavouable : il a non seulement mit la vie de Sally en danger, de surcroît par un
    procédé lamentable, mais pour finir, il lui cache cette vérité... Je me réjouis d'avance du plaisir que je prendrai, à voir le visage de la pauvre Sally se décomposer, lorsqu'elle apprendra ce que son beau Prince a fait. Amor vincit omni, avez-vous dit… " L'amour vainc tout ". Mais cela m'étonnerait que leur amour survive à ce mensonge. Aussi entraîné, aussi fort deviendra-t-il, le prince n'aura qu'une faiblesse : son amour pour Sally. Et je compte bien garder cette carte, le jour où lui et moi devrons nous affronter à nouveau ! Et ce jour là,
    le prince ne s'en relèvera pas…
    - Pour cela, il faudrait d'abord que Sally survive à la morsure du viralien.
    - Et c'est moi qui sous estime le prince ? Il obtiendra l'antidote à Sanctuary. Mais… il ignore qu'une double surprise l'y attend ! Le prince des hommes va tomber de haut. Et je savoure déjà sa chute…






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