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Ma life sous toutes les coutures

VIP-Blog de cecilia-marava
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  • Créé le : 23/11/2006 02:40
    Modifié : 19/03/2007 02:09

    Fille (21 ans)
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    [ Le Royaume ] [ Le gothique ] [ Princesse Robert ] [ Poésie ] [ Arthélius ] [ Evanescence ] [ La magie ] [ Mes amis ]

    La morsure

    25/11/2006 18:13

    La morsure


    Trop c'est trop ! Aussi vrai que je ne demandais pas mieux que de faire confiance, là je craquais. Pour la première fois.
    - Alors, qui va me dire exactement ce qui se passe ici ?! Demandai-je d'un ton agacé.
    Personne pour me répondre ??? D'abord, on me téléporte à moitié mort, dans ce royaume peuplé d'anges et de créatures fantastiques. Ensuite, je suis sauvé juste avant le trépas, par un rituel qui efface ma mémoire ! On m'apprend alors que je suis un héros prophétique qui doit sauver ce monde et l'univers entier. Rien que ça… Puis j'ai le plaisir de découvrir qu'un des mes compagnons de route est un dragon nain antipathique !
    - Dragalion, pas dragon nain, rétorqua Déziel
    - Si tu veux ! Ensuite on m'emmène à la rencontre d'une prophétesse…
    - Poétesse, précisa Déziel
    - Oui, bon… Celle-ci, sensée me livrer des révélations me concernant, me récite un poème incompréhensible, avant de se faire tuer sous mes yeux par un archange, dont l'escadron tentera de nous capturer avant de se faire décimer entièrement par des vampires …
    - Des feralis, grommela le dragalion.
    - Cesse de m'interrompre ! J'en ai marre qu'on me dise ce que je dois dire, ce que je dois faire ! Trop de questions laissées en suspend, et des réponses trop floues !!! C'est ainsi depuis le début ! Ok, je suis un novice ici, et je ne connais
    rien de vos vies, de vos règles ! Mais comment voulez-vous que je fasse si on ne me dit si peu de choses !! Je ne suis pas un pantin, et je refuse d'en être un ! J'ai eu confiance en Sally dès notre rencontre. Mais là, trop c'est trop ! Hors de question que ce vieil homme, sorti de nulle part, me donne des ordres !
    - Tout d'abord, mon nom est Victor. Ensuite, jeune homme, je ne vous donne aucun ordre, mais un conseil. Vous l'avez dit parfaitement vous-même : vous ne savez rien. Mais je veux bien vous donner les informations dont vous avez besoin, a présent que les feralis sont partis, et que nous sommes hors de danger.
    - Le problème, c'est que je dois croire en vous, que je ne connais pas ! Et la confiance ne se donne pas à tout le monde ! En plus, elle s'installe avec le temps…
    - Là est le problème, mon prince, répondit Sally. Nous manquons de temps. Sanctuary, le château du royaume, a été prit d'assaut par les archanges. Dieu merci, ils ne peuvent pénétrer dans la salle du trône sans l'épée de Cléador. Mais combien de temps encore, avant qu'ils ne retrouvent l'épée ??
    - Cléador, Sanctuary, la prophétie… Comment savoir si ceci n'est pas un tissu de mensonge ?!?
    - Oh, mon prince, je crois que Lerival a réussi son coup… Il a semé le doute dans votre esprit et je ne sais que dire pour vous prouver que je suis sincère, dit l'ange blond avec détresse dans les yeux.
    - Lerival a dit que je n'étais que l'instrument de votre vengeance, Sally. Je ne veux pas le croire. Mais ses mots raisonnent dans ma tête, et je n'arrive pas à les chasser…
    - C'est là tout son pouvoir, ajouta Victor. Et cela va au-delà de la simple manipulation verbale. Je ne suis pas de taille à lutter contre un manipulateur
    de cette envergure ; et je ne suis pas en mesure de confirmer ou démentir la validité de vos doutes concernant Sally. Je peux juste vous dire ce que je sais. Asseyons-nous un instant, et prenons le temps de parler.
    - Oui ! Parlez-moi de la prophétie, et de ce mal qui a prit possession des archanges… J'ai besoin de comprendre.
    - Tout d'abord, je vais vous raconter le peu que nous savons sur l'origine de notre monde… Il y a très longtemps, toutes les créatures d'Arthelius vivaient en harmonie. Il n'y avait ni violence, ni guerre. Anges et archanges vivaient en paix, jusqu'à la rupture originelle.
    - La rupture ?
    - Un mal qui a surgit, dont on sait où. Une sorte de haine et violence qui se propageait sournoisement. Naguère terre d'amour et de paix, Arthelius devenait peu à peu une terre de désolation. Les anges et archanges s'entretuaient…
    L'espoir, le rêve, disparaissaient. La fin semblait inévitable. Peut-être aurait-ce été mieux ainsi… Le sort en était jeté. Jusqu'à l'arrivée du premier être humain à Arthelius. Il fut le providentiel sauveur de ce monde. Nulle ne sait comment et
    en combien de temps il a vaincu le mal. Mais l'essentiel, c'est qu'il avait rétabli la paix en nos terres, même si celles-ci étaient à jamais transformées. Arthelius portait les stigmates et les cicatrices de cette folie, de cette guerre passée.
    Trop nombreuses étaient les victimes et les souffrances… Honteux et repentis de leurs comportements, les anges et archanges invoquèrent un sorcier puissant, qui via une formule magique, leur interdisait et empêchait de s'entretuer. Le sorcier s'exécuta. Une fois le sort lancé, constat fut que le sorcier avait réussi la mission qui lui était demandée. En contrepartie, les archanges lui offrirent de vastes terres. Quant à l'homme, à l'aide des anges et des mages, il entreprit de
    bâtir Sanctuary, un Château gigantesque, qui devint le sanctuaire de toute créature vivante. Là où nous trouvons la paix, le repos, les soins et
    l'amour dont nous avons tous besoin. Emprunt de magie et de mystères, la salle du trône renferme un pouvoir inimaginable. Sa mission accomplie, l'homme souhaita retourner sur terre, parmi les siens. Les anges demandèrent néanmoins
    à cet homme de rester en ce royaume. Ils redoutaient que le mal puisse se réveiller, une fois leur sauveur parti. A contre coeur, cet homme devint le tout premier roi d'Arthelius. Il hérita d'un pouvoir qu'il n'avait jamais voulu.
    Ainsi commença la légende qui veut que le pouvoir soit donné seulement à celui qui ne le veut ou ne le recherche pas… C'est ainsi qu'Arthelius pouvait renaître de ses cendres et prospérer sereinement. Jusqu'au jour où les mages du
    royaume firent une découverte surprenante. Un livre, vieux, plus vieux encore que l'écriture angélique. Les mages mirent des années à en déchiffrer une petite partie. Avec stupeurs, ils comprirent que ce livre détenait les clefs de
    l'avenir. Tout ce qui s'était passé jusqu'à présent était écrit : Le réveil du mal, l'arrivée d'un sauveur humain, la construction de Sanctuary. Tout y était inscrit, ainsi qu'une prophétie terrible, qui parle de la fin du monde et de tout ce qui vit, le
    jour où un archange prendra les commandes du royaume. Le premier roi, sensible à ce danger potentiel, fit condamner les fenêtres de la salle du trône. Il y ajouta deux portes immenses, qui sont le seul moyen d'y accéder. Les portes, ont
    été construites du métal le plus résistant que l'on peut trouver ici. Renforcées par un rituel magique, seule l'épée de Cléador peut les ouvrir. Des siècles se sont écoulés depuis cette histoire. Malheureusement, les archanges ont la mémoire
    courte, et la nouvelle génération semble ignorer cette souffrance passée. L'histoire se répète. Le mal semble s'être réveillé depuis la disparition de votre père, le dernier roi en date.

    - Mon père…
    Ce mot n'évoquait aucun souvenir, ce qui était tristement normal. Mais j'espérais au fond de moi ressentir au moins un je ne sais quoi de tristesse ou de
    nostalgie. Au pire de la colère. Mais le pire, ce n'était pas de la colère. Le pire, c'était le vide. Le rien. Aucune émotion. Plus que jamais, je me sentais
    comme une coquille vide ; Comme un objet pratique qu'on utilise à sa guise. Comme l'instrument… d'une vengeance ? Et si Lerival disait vrai ? Grand Dieu, non ! Je m'étais promis de croire en Sally, mais ce doute était là, bousculant mes
    pensées, narguant ma raison… J'aurais tant voulu oublier ces mots… Je me forçais à reprendre le fil de la discussion….
    - Mon père… Parlez-moi de lui ! Vous avez dit l'avoir entraîné jadis !
    - Votre père, Phileas, est un homme bon.
    Raisonnablement bon. Généreux, dévoué. On ne lui connaît que des qualités. Tout comme ses prédécesseurs, il a su régner en toute humilité et succès, jusqu'à sa disparition…
    Victor parlait de mon père avec tant d'éloge. Etait ce là la réalité de l'histoire, ou bien l'élan de respect nouveau que suscitent les morts, à qui l'on doit le plus grand hommage, même s'ils se sont comportés comme des monstres lors de leur vivant ? Les paroles du vieil homme avaient un arrière goût d'éloges funèbres.
    - J'étais son maître d'arme, au tout début de son règne. Tout comme vous, il ignorait les règles de ce monde et l'art du combat. Je lui ai enseigné tout
    ce que je savais, et aujourd'hui, c'est à votre tour ! Mais pour cela, il nous faut quitter la montagne, pour rejoindre ma demeure qui se trouve à une
    journée d'ici... Nous y trouverons tout ce dont nous avons besoin.
    Le vieil homme avait raison. La poétesse étant morte, son livre des révélations étant détruit, nous étions revenus à la case de départ. Nous n'avions
    plus rien à faire ici.
    - Très bien Victor. Si Sally & Déziel sont d'accords, je suis prêt à aller chez vous, pour suivre cet… entraînement !

    LE LENDEMAIN

    La maison de Victor était assez reculée de tout. On apercevait ici et là d'autres habitations, mais dans sa globalité, on peut dire qu'il ne manquait pas d'espace vital. De bois et de pierre, la façade était d'une banalité formidable. Qui aurait
    pu penser un instant que la demeure cachait une salle d'entraînement, munie d'un véritable arsenal. Arcs, arbalètes, pistolets, masses, couteaux, sabres. Je faisais l'inventaire rapide de ce que j'apercevais. Il y avait même des armes que je n'aurai pas su identifier.
    - Waow ! On peut dire que vous avez de quoi faire !
    - J'ai quitté ma fonction de maître d'armes, il y a quelques années. Mais
    ma fonction ne m'a pas quitté, dit-il d'un air léger. On ne se refait pas. Surtout à
    mon âge. Mon garçon, passons aux choses sérieuses. Tout d'abord, il va falloir que vous appreniez à vous faire choisir !
    - Pardon ???
    - Oui, contrairement à ce que l'on croit, on ne fait pas tant de choix dans cette vie. Et en ce qui concerne cet entraînement, la règle est sensiblement la même. Nous avons tous des dons. Certains pour le dessin, d'autres la musique. En ce qui vous
    concerne, la question est de découvrir l'instrument avec lequel vous avez le plus d'affinité. Vous n'avez pas vraiment choisit votre arme, lors de votre combat
    contre l'escadron. L'arc fut un choix par défaut. Par manque d'option. L'histoire a parlé. Vous n'êtes pas fait pour cette arme, tout comme votre père d'ailleurs.
    Sally m'observait avec tendresse. Elle me lança un sourire discret. Discrétion qui pourtant n'échappa guère à Victor.
    - Amor vincit omnia, me dit-il
    - Qu'est-ce que cela signifie ? demandais-je. Ce n'était pas la première fois que l'homme s'adressait à nous en latin. Je devinais une certaine érudition de ce personnage haut en couleur.
    - Vous le saurez assez vite dit-il, d'un air complice. Bon, nous allons commencer par l'épée. Phileas appréciait particulièrement cette arme de proximité.
    Imposante et écrasante. Cela lui allait bien. Pendant plus d'une heure, Victor m'enseigna le port de l'arme. La maniement. Les coups, et les gestes
    qui protègent, ceux qui blessent. Ceux qui tuent… Satisfait de cette première approche, le vieil homme suggéra de passer à une autre arme.
    - Sally, pouvez-vous chercher la dague, qui se trouve dans le grand coffre, qui se trouve à l'autre bout de la salle ? demanda-t-il.
    Sans même répondre, l'Ange s'envola. La salle était certes immense, le coffre assez loin, mais je crois que tout prétexte était bon pour prendre son
    envol. Sally aimait voler. Plus encore, elle en avait un besoin fou. Mon sang se glaçait alors qu'elle se mit à soulever le couvercle du coffre. Sally y plongea
    sa main avant de pousser un cri terrifiant, amplifié par l'écho de la pièce. La belle Sally recula tout en essayant de prendre son envol, avant de retomber aussitôt. Suivi de Déziel et de Victor, je me précipitais vers elle. Que la distance entre nous
    semblait grande. Des sentiments chaotiques traversaient mon esprit. Le principal étant le remord.
    - Humpf ! Elle s'est fait mordre par un viralien !
    Le dragalion se jeta sur cette petite créature visqueuse qui venait d'attaquer Sally. Plusieurs coup de gueules saccadés précédèrent une mise à mort rapide et sans appel. Comme à son habitude, en cas de danger, le dragalion faisait preuve d'une
    férocité surprenante.
    - Sally, Sally… parlez-moi…
    L'ange blond se tordait de douleur. Ses doigts se crispaient… De sa bouche quelques étoiles sortaient de façon anarchique. Essayait-elle de se soigner, utilisant le même rituel qui m'avait sauvé la vie ?
    - Courage Sally…
    - Humpf…
    Nous ne pouvons rien faire pour l'instant. Le venin du viralien a déjà commencé son effet. Elle n'est même plus assez forte pour tenter de renverser le processus. L'infection a commencé…
    Le vieil homme enleva sa veste de velours, et la plaça, tel un oreiller, sous la
    tête de Sally.
    - Effectivement, il n'y a plus grand chose à faire.
    - Oui. Sally va mourir… Dit le dragalion, totalement imperturbable.
    - Comment ? Non ! C'est impossible. Je croyais que… Ce n'est pas vrai Déziel !!! lui dis-je, plus que jamais paniqué.
    - Humpf… Le venin du viralien transmet un virus qui se propage très rapidement. Les conséquences en sont une fièvre délirante, très forte, parfois fatale. Si Sally y survit, une paralysie sournoise s'emparera de ses membres, avant d'être totale. Ensuite les fonctions vitales seront touchées. Le coeur en dernier… Dans un dernier souffle, elle nous quittera à jamais.
    - NON !!! hurlai-je, en précipitant sur Victor. Vous le saviez n'est-ce pas ! Vous le saviez !!! Je vais vous tuer sale traître !
    - Comment aurai-je pu savoir qu'un viralien se cachait dans ce coffre, demanda-t-il judicieusement. Je ne le savais pas. Pas plus que vous, n'est ce pas ?
    Le dragalion nous lança un regard suspicieux…
    Quant à moi, je ne savais que répondre. Mon attention se recentra sur la pauvre Sally. Ma belle Sally. Les larmes commençaient à troubler
    ma vue.
    - Tenez-bon Sally. Je vous en supplie, il faut que teniez bon. Que vais-je faire si vous mourrez ? Je vous en prie, ne me laissez pas seul. Ne me laissez pas dans ce monde de fous… L'ange blond, sous l'influence de la fièvre, se mit à parler de façon incohérente.
    - Je… Cléador. Hummm… Non… ceeee… monph…reeer…
    - Oh… Sally, que voulez vous me dire?...
    Je me tournais vers le dragalion. Déziel, est ce du latin ? De L'angélique ???
    La belle me regardait avec ce regard, remplit de désespoir. Elle plaça son index sur ma bouche, pour me taire…
    - …éeerkiacoo…meen… Cé laa guerrrre!
    Le front de Sally était brûlant. La fièvre devint plus forte encore. Il fallait à tout prix réagir !
    - Bon sang, il nous faut de la glace !!! Que quelqu'un aille chercher de la glace !
    - Nous n'en avons pas ici. On peut en trouver à Frosine, mais c'est à 3 jours d'ici. Il sera bien trop tard, dit le vieil homme.
    - De l'eau fraîche. Victor, trouvez-moi de l'eau fraîche. Tout de suite !!! Déziel, toi, bats des ailes afin de refroidir l'air autour d'elle…
    - Mooon… Prince… Des douuutes… Nooon… - Chut, Sally, épargnez vos forces ; Vous devez survivre à cette fièvre…
    - Jeee ne… neeee vouus ai jam…ais mentii… Aces mots, j'éclatais en sanglot…
    - Pardon Sally. Pardon d'avoir douté de vous. Pardon de ne pas avoir été assez fort… pardon d'avoir permis à Lerival de semer le doute entre nous… pardon, Sally… pardon… pardon… Victor revint sans eau. Il ne m'en fallut pas plus
    pour me jeter sur lui, la rage au coeur…
    - C'est sa mort que vous voulez n'est-ce pas !! Qui êtes-vous ! Que voulez-vous vieil homme !
    - Ne dites pas n'importe quoi. Je suis venu vous dire que j'ai fait couler un bain d'eau froide, et qu'il fallait l'y emmener immédiatement. Le bain fit son effet. La fièvre tombait peu à peu.
    - Vous allez déjà mieux, mon ange. Si l'eau fraîche vous a fait du bien, je sais au fond de moi que vous vous êtes battue de toutes vos
    forces pour survivre…
    - Oui.. Mais… mais quel intérêt de survivre, pour si peu de temps. La paralysie me guette, et elle est sans merci, répondit-elle.
    - Que ce soit une heure, ou une journée, je vous veux en vie, car je garde l'espoir. Il doit bien exister un antidote…
    - Oui, il en existe un. Mais sa préparation requière de nombreuses herbes et autres ingrédients. Et quand bien même, l'antidote demande plusieurs jours de préparation. Il sera trop tard de toute façon, confessa Victor.
    - Humpf… Il reste une alternative. A Sanctuary, nous avons une salle de soin. On y
    trouve tous les antidotes et potions connues à ce jour. De mémoire, il reste une dizaine de fiole dans les stocks.
    - Non ! chuchota Sally. Vous ne pouvez aller là bas. Le château est envahit par les archanges. Nous n'avons aucune chance.
    - Tant qu'il y a de la vie, j'ai de l'espoir Sally. Nous irons à Sanctuary ensembles. Et vous en sortirez guérie ! Ne perdons pas un instant !
    - Je vous accompagne, dit le vieil homme.
    - C'est hors de question !
    - Humpf, ouvrez les yeux : Victor ne sera pas de trop contre une armée d'archanges !
    - Déziel, je sais ce que je dis. On ne peut pas avoir confiance en lui !
    - Mais..
    - Ca suffit Déziel ! J'ai mes raisons. Victor restera ici. Quant à nous, préparons nos
    armes, et partons. Chaque minute compte et peut faire la différence. Je me surprenais moi-même, face à cette détermination nouvelle. J'avais fait une erreur. Je devais la réparer, et personne ne pouvait se mettre entre moi, et ma décision.

    FLASH-BACK : LA VEILLE.

    - Très bien Victor. Si Sally & Déziel sont d'accords, je suis prêt à aller chez vous,
    pour suivre cet… entraînement !
    - Sage décision jeune homme ! Vous ne le regretterez pas ! Autant nous mettre en route tout de suite, long est le chemin. Sally, en tant qu'ange, votre vue a une portée exceptionnelle. Pouvez-vous faire un tour de reconnaissance ?
    - Sally reste avec nous ! On ne sépare pas !
    - Humpf, je peux l'accompagner. J'ai toujours protégé Sally, en quoi cela changerait aujourd'hui ?
    Résigné, j'acceptais de voir l'ange blond prendre son envol. Dès qu'elle s'éloignait de moi, une angoisse irrationnelle s'emparait de tout mon être. J'étais terrifié à l'idée qu'elle ne revienne pas, et que je la perde à jamais.
    - Vous l'aimez n'est-ce pas ? demanda le vieil homme.
    - Est-ce si évident ?
    - Il y a des signes qui ne trompent pas. Mais faîtes attention. Dans ce royaume, l'amour entre un ange et un humain est interdit. Si vous deviez défier, envers et contre tous, les lois de ce monde, assurez-vous d'abord que cet amour est réel et réciproque…
    - Je crois que je l'aime. Je n'arrive pas à m'expliquer comment et pourquoi. M'a-t-elle envoûté, hypnotisé, lavé le cerveau ?? ? Je n'ai aucune réponse, juste des questions. Et c'est encore plus compliqué, depuis que Lerival a semé le doute
    dans mon esprit. Je m'efforce chaque instant de croire en la sincérité de Sally. Je veux la croire. Mais la pensé qu'elle m'utilise peutêtre comme un instrument de sa vengeance contre Lerival m'obsède de plus en plus.
    - Ne vous laissez pas ronger par le doute. Lerival est un virtuose dans ce domaine. Je ne connais pas Sally. Je ne peux pas répondre pour elle. Par contre, je connais un moyen de révéler la vérité. Il existe une créature dont le venin agit comme un sérum de vérité. Il provoque un peu de fièvre, mais cela est sans danger. Si vous l'acceptez, je peux m'arranger pour que Sally se fasse mordre demain, pendant l'entraînement.
    - C'est odieux ! Je ne peux pas accepter cela.
    - Aux grands maux les grands remèdes. Le doute que Lerival a semé dans votre tête, est un doute surnaturel, mystique et irrationnel. Ce doute risque de vous détruire si vous ne faites rien. Vous détruire vous, mais elle aussi. Alors, si le
    procédé vous semble odieux, souvenez-vous que c'est une pour une bonne cause.
    - C'est sans danger, vous êtes certain ?
    - Je vous l'assure.

    RETOUR AU PRÉSENT.
    DANS LES PROFONDEURS DES
    ENTRAILLES D'ARTHELIUS

    - J'espère que vous êtes satisfait, dit Victor, avec une aigreur dans la voix. Le prince, Sally et Déziel sont partis en direction du château…
    - Satisfait ? Bien plus que satisfait, je suis aux anges ! Si je me peux me permettre cette expression, moi, le maître des ténèbres de ce royaume, dit Lerival en riant. Cet idiot de prince est tombé dans le piège que je lui ai tendu. Il n'est pas très malin cela dit…
    - Que voulez-vous dire, demanda Victor.
    - Vous surgissez de nulle part, en pleine nuit, dans une montagne inhabitée. Sans abris. Vous apparaissez, comme si de rien n'était, alors que ma troupe de feralis venait de massacrer un escadron d'archange, et ce Prince ne se pose aucune question !!! En temps normal, personne n'oserait s'aventurer sur la montagne blanche, surtout de pleine nuit ! Si vous n'étiez pas l'instrument de mon plan
    machiavélique, vous n'auriez pas survécu. Il aurait dû se poser les bonnes questions.
    - Profitez bien de son manque d'expérience, Lerival ! Cela ne durera pas. D'après c'est que j'ai vu de l'entraînement, le prince a hérité du potentiel de son père. Il le surpasse même. En peu de temps, il a fait plus de progrès que Phileas en une semaine. Ne le sous estimez pas. Il risque bien de devenir un ennemi de taille. Et peut-être enfin serons-nous débarrassé à jamais de vous !!! dit le vieil homme avec hargne.
    - Ah ah ah… J'adore cette haine que vous avez envers moi. Vous, jadis si fier, si noble, contraint à servir le maître du mensonge. Vous, ami du roi, réduit à l'état de marionnette, dont je tire une à une les ficelles.
    - Je ne peux vous tuer Lerival, mais je prierai chaque instant de ma vie, pour que le prince y parvienne.
    - Rassurez-vous, je compte bien survivre… C'est pour cela que je lui ai tendu ce piège. Nous voici, lui et moi, liés par cet affreux mensonge ! C'est un secret inavouable : il a non seulement mit la vie de Sally en danger, de surcroît par un
    procédé lamentable, mais pour finir, il lui cache cette vérité... Je me réjouis d'avance du plaisir que je prendrai, à voir le visage de la pauvre Sally se décomposer, lorsqu'elle apprendra ce que son beau Prince a fait. Amor vincit omni, avez-vous dit… " L'amour vainc tout ". Mais cela m'étonnerait que leur amour survive à ce mensonge. Aussi entraîné, aussi fort deviendra-t-il, le prince n'aura qu'une faiblesse : son amour pour Sally. Et je compte bien garder cette carte, le jour où lui et moi devrons nous affronter à nouveau ! Et ce jour là,
    le prince ne s'en relèvera pas…
    - Pour cela, il faudrait d'abord que Sally survive à la morsure du viralien.
    - Et c'est moi qui sous estime le prince ? Il obtiendra l'antidote à Sanctuary. Mais… il ignore qu'une double surprise l'y attend ! Le prince des hommes va tomber de haut. Et je savoure déjà sa chute…






    Saison 1 Episode 5: Le passage

    25/11/2006 18:32

    Saison 1 Episode 5: Le passage


    - Déziel, je crois que tu peux cesser de me fixer du regard !
    - Humpf. C’est dans ma nature d’observer. D’analyser. De réfléchir. Et de comprendre…
    La remarque du dragalion me fit frémir. Avait-il vraiment compris mon erreur ? Comment pouvait-il savoir que mes doutes et ma faiblesse avaient eu pour conséquence le sort tragique de Sally…
    - Comprendre quoi ? lui répondis-je, faisant mine de ne pas comprendre.
    - Je sais. Le reste importe peu. Alors, si tu le permets, étranger, à partir de ce jour, je t’aurai à l’œil. À chaque instant.
    - Arrêtes de m’appeler étranger ! J’ai un nom… Même… Même si je m’en souviens plus ! Répondis-je inquiet et confus.
    - Humpf… J’ignore ton nom, étranger, et cela ne m’intéresse pas plus que ma première flamme, dit-il avant de s’éloigner dans les airs.
    Je méritais le mépris de Déziel. Mais quand bien même l’incident n’aurait pas eu lieu, son hostilité à mon égard n’aurait pas été moins grande. Le dragalion ne m’appréciait guère. Mais cette fois-ci, il avait une bonne raison de me haïr. Sally risquait de mourir à cause de moi, et si j’avais eu un peu de jugeote, je n’aurai jamais laissé Victor me piéger aussi facilement… Alors que je marchais depuis des heures interminables, je ne cessais de culpabiliser. Je retournais la situation dans ma tête, rejouais le triste scénario qui avait causé la perte probable de l’ange blond. A chaque fois, je m’inventais une issue heureuse. J’en avais besoin. J’avais besoin d’imaginer ce qui aurait pu être, si j’avais refusé la proposition de Victor. Ou encore si j’avais empêché Sally d’ouvrir le coffre, dans lequel se trouvait le viralien qui l’a mordue. Dans un ultime fantasme héroïque, je me voyais lancer une flèche sur la créature, avant même qu’elle n’ait eu le temps de morde. Moi, le pire archer que les temps aient connu ! Mais la réalité était autre. Et cette réalité qui me fit retomber sur terre venait du ciel :
    - Sally ! Déjà de retour de votre ronde de repérage ?
    - Oui, mon prince. Déziel a prit le relais pour que je me repose un peu. Mais je ne voulais pas me reposer. Au contraire. Je veux profiter de mes ailes, tant que je le peux. C’est peut-être le dernier jour où je pourrais chevaucher les airs, m’enivrer des hauteurs, me griser du vide… Malgré mes arguments, Déziel a vraiment insisté pour me remplacer en tant qu’éclaireur…
    - Il veut certainement vous ménager…
    - Mais je ne le veux pas ! Oh, mon prince, si vous saviez comme j’en ai assez que l’on me traite comme un objet fragile, qu’un rien pourrait briser. Je suis bien moins forte que je le voudrais, mais plus que vous tous ne le croyez. Je lutte et résiste car je crois en vous. Mais je sens déjà les premiers effets du venin. Mes articulations sont douloureuses depuis au moins une heure… La paralysie commence. Je ne veux pas…
    - Ne pensez pas à cela. Personne ne veut que vous mouriez Sally. Nous allons trouver le sérum. Nous allons tous faire pour vous sauver.
    - Je n’ai pas peur de mourir, tant que je pourrai mourir la tête haute. Il est un grand honneur pour ceux qui peuvent mourir en héros, en guerrier. Non. Je n’ai pas peur de mourir. Mais pas comme ça. Par-dessus tout, je ne veux pas que vous me voyez ainsi, diminuée, agonisante… au sol !
    Cette dernière remarque de l’ange blond confirmait que l’idée de mort était moins effrayante pour elle, que la perspective de perdre l’usage de ses ailes. J’étais bouleversé à mon tour…
    - Pardon Sally… Pardon de ne pas être à la hauteur. Pardon de…
    - Chut… Ne dites rien. Vous vous excusez trop. Ce sont peut-être mes derniers instants. Je ne peux pas les gaspiller dans des larmes. Je sais que le viralien m’a fait dire ce que je ne peux plus nier. Ce sentiment est en moi. Bien avant votre arrivée ici. Bien avant notre rencontre. Depuis toujours…
    L’ange s’approcha de moi, son souffle devenait court. Le mien aussi. Mon cœur s’affola. Je m’efforçais de me rappeler que l’amour entre les humains et les anges était interdit. Mais entre ma fascination pour Sally, mon affection sincère, et ce goût subtil de l’interdit, je ne pouvais plus résister un instant de plus. Elle prit ma main et leva la tête. Son regard touchait enfin le mien dans une sensation d’infini. Dans un long silence j’approchais mes lèvres des siennes, à moitiés ouvertes, et…
    - HUMPF… Rien à signaler au nord ! Je vais donc voir s’il en est de même derrière nous.
    Etait-ce mon imagination ou le dragalion se fit particulièrement remarquer? Etait-ce pour mieux nous interrompre ?
    - Je crois que vous aviez raison, mon prince, chuchota Sally. Déziel ne vous aime guère. Il ne faut pas lui en vouloir. Il se méfie de ceux qu’il ne connaît pas… A la base, me protéger est le rôle que mon frère lui a attribué, lorsqu’il me l’a offert. Quand j’étais plus petite, je le prenais un peu comme un animal de compagnie. Mais j’ai bien grandi depuis. En dépit de son étrange caractère, il mérite tout autant le respect que tout être qui vit :j’ai bien tenté de le libérer de sa fonction de protecteur, mais il semble déterminé. Il refuse de reprendre sa liberté. Et je dois avouer que cela m’arrange, car je me suis sincèrement attachée à sa compagnie. Sans lui, je me sentirai très seule aujourd’hui. Je n’ai plus vraiment de famille… Et Déziel, en plus de soulager ma solitude, m’a sauvé la vie à deux reprises par le passé. Trois même !
    - Vous n’êtes plus seule à présent.
    L’ange me sourit avec la grâce qui lui était propre. Elle passa sa douce main dans ses longs cheveux. Je remarquais qu’elle portait une bague sertie d’un joyau qui présentait un emblème que je ne connaissais pas. Sally comprit que je regardais son bijou.
    - Oh, ce n’est pas une simple coquetterie, me dit-elle.
    - C’est un emblème familial ?
    - Pas tout à fait…
    La tristesse prit possession de son tendre visage. Est-ce que cette bague avait appartenu à son défunt frère ? A mon habitude, je changeais de conversation afin de lui épargner tout souvenir douloureux.
    - Sanctuary !
    - Non, me répondit-elle, ce n’est pas l’emblème du château…
    - Oh, ce n’est pas ce que je voulais dire. En fait, je parlais de notre mission à Sanctuary. En dépit de ma bonne volonté, je crois qu’il est temps d’établir un plan. Je suis parti la rage au ventre, mais… sans la moindre stratégie.
    - Il était temps que tu le réalises, étranger… dit le dragalion, revenu de son court périple.
    - Tu me prends pour un idiot, mais j’espère bien te prouver le contraire.
    - Au moins, je suis d’accord avec la première partie de cette phrase, humpf…
    Déziel était particulièrement remonté contre moi. C’était un mauvais signe. Comment se battre contre une armée d’Archanges, alors que nous n’étions même pas soudés ?? Qu’espérer de ce combat si nous n’avions plus la moindre confiance ? Nous n’étions pas une équipe. Mais dans l’absence de choix, il fallait faire avec.
    - Bon. Si j’ai bien compris, Sanctuary est assiégé. Des Archanges gardent l’entrée principale…
    - Et les entrées annexes, précisa le dragalion. Sans oublier les escadrons qui survolent régulièrement le château, les archers qui surplombent les tours…
    - Ne… ne nous décourageons pas. Nous devons nous organiser. Etablir un plan de diversion.
    - Ce ne sera peut-être pas la peine, mon prince…Lorsque nous étions enfant, mon frère et moi aimions nous amuser près du château et de ses fontaines. Nous nous amusions tellement… Parfois à la guerre. Mon frère, Travis, avait toujours une longueur d’avance sur moi. Il faut dire qu’il était l’aîné. Mais je crois que cela tenait plus de son caractère excessif. Il a toujours eu une âme d’aventurier. Toujours prêt à faire les pires bêtises, tant qu’il pouvait dépasser les limites, transgresser les règles, tout était bon pour lui. Il me fascinait, et en même temps, je n’arrivais pas à le suivre dans tout ce qu’il faisait. Sauf ce jour là… Nos deux soleils frappaient très fort. Nous vivions alors une double canicule. Travis et moi pataugions dans une des nombreuses fontaines de l’immense jardin de Sanctuary. Je jouais à la sirène, et lui à Poséidon. Nos ailes sont un obstacle à la nage. Mais ce n’était pas un obstacle insurmontable. Nos parents nous avaient appris à nager, mais si cela n’était pas une chose très naturelle pour nous autres. C’est ce qui intéressa mon frère : dépasser ses limites et explorer un monde inconnu ! Poséidon et la sirène… Ce n’était qu’un jeu. Jusqu’au moment ou Travis se prit un peu plus au sérieux. Il plongea tête la première sous les eaux. Il disparut pendant de longues minutes avant de réapparaître l’air satisfait. Son regard était celui d’un conquérant qui venait de s’approprier un trésor… Je ne sais pas si c’est le hasard, ou si ce fut un signe du destin, mais ce jour-là, il a découvert un passage secret qui mène au château… Un long couloir sous-marin, qui à mi-chemin mène à une petite grotte, histoire de reprendre notre souffle et nous reposer un peu, avant de replonger vers le château. De temps à autres, quand nous voulions êtres seuls pour jouer, ou pour cacher nos trésors d’enfants, nous allions dans cette grotte. Par contre nous prenions que très rarement ce chemin pour aller au château, de peur que nous nous fassions prendre et que l’on dévoile ce petit secret que nous avions promis de garder rien que pour nous. Nous ne l’avons jamais révélé, même pas à nos parents. Mais aujourd’hui je n’ai pas d’autre choix que de rompre ce serment.
    - Sally, c’est effectivement un signe du destin. Votre frère n’a pas découvert ce passage pour rien. Aujourd’hui, cela a un sens. Ce secret si bien gardé va vous sauver la vie. Et c’est ce qu’il aurait voulu…
    - Je ne… Je ne sais pas…
    - Ne perdons pas un instant.
    L’espoir aurait dû reprendre le dessus. Pourtant, malgré cette providentielle solution, mon instinct me hurlait que les choses allaient pourtant mal se finir. Pendant que nous avancions, Déziel, avec sa mémoire exceptionnelle, me décrivait avec précision les pièces et couloirs du château qui mènent à la salle de soin. Après une heure de marche et de vol, nous étions enfin arrivés devant la fontaine.
    - Humpf. Hors de question de vous suivre là dedans. Un dragalion et l’eau ne font pas bon ménage.
    - Tu as raison Déziel. De plus, tu es trop… bruyant pour m’accompagner. Une fois à l’intérieur de Sanctuary, la discrétion et le silence seront de rigueur. De toute façon, tes flammes nous seront plus utiles quand nous reviendrons. Si jamais nous nous faisons prendre ou si nous sommes suivis, tu seras notre dernière chance.
    - Mon prince, je ne me sens pas très bien… Je ne sais pas si je peux vous accompagner.
    - Mais vous ne le devez pas. C’est trop dangereux. Reposez-vous jusqu’à mon retour, avec l’antidote.
    - Non… je ne sais pas si je peux vous accompagner, mais je le veux. Je veux revoir une dernière fois cet endroit qui a conservé mes plus beaux souvenirs. Mon enfance… Ces jours d’insouciance… Et puis il faut bien que je vous guide.
    - Très bien, mais vous resterez dans la grotte alors !
    L’ange acquiesça, avant de me faire signe de la suivre. C’est avec peine qu’elle plongea dans l’eau trouble. Je nageais dans un long couloir, très sombre, puis complètement noir. Je n’y voyais plus rien. De minuscules étoiles apparurent devant moi. C’était Sally qui me guidait. Elles sortaient de sa bouche et scintillaient tout autour d’elle et éclairait notre chemin. Après une minute de nage, nous étions arrivés dans la grotte.
    - Nos chemins se séparent ici, mon ange. Préservez-vous. Ne faites rien que nous puissions regretter. Je reviendrai. Avec l’antidote.
    Je plongeais seul. J’apercevais de la lumière au bout de ce deuxième couloir qui menait à la fontaine intérieure du château. Ce passage était donc bien plus court. Mon cœur battait très fort. Si fort que j’avais peur qu’un archange puisse l’entendre. Lentement je sortais la moitié de ma tête hors de l’eau. La salle dans laquelle se trouvait cette fontaine était splendide, majestueuse, terriblement silencieuse, et heureusement vide. Je prenais appui sur le rebord de la fontaine, avant d’en sortir trempé de la tête au pied. Me souvenir des mots de Déziel… Tout en suivant ses instructions : « Humpf, tu remarqueras dans cette salle, une statue représentant un aigle aux ailes déployées. Tu te glisseras derrière. Tu y trouveras un escalier qui descend vers la salle des armes. Elle y est rarement vide. » Encore une fois, le dragalion avait raison. Un archange s’entraînait au tir à l’arc. Il était si concentré, qu’il ne remarqua… pas ?
    Oups, je pensais trop vite. L’archange se tourna brusquement vers moi et me lança la flèche. Dans un réflexe salvateur je me jetai au sol en roulant vers lui. Je sortis ma dague de son fourreau tout en me relevant. L’archange abandonna son arc au profit d’une épée. « Dague contre épée ». En voilà un combat parfaitement équilibré, pensais-je ironiquement. Il donna un premier coup vers mon torse, que je repliais en arrière afin de l’esquiver. Puis d’un mouvement de droite à gauche, il tenta la décapitation. Mon cou accompagnait le mouvement de son épée : je virevoltais en faisant une pirouette et m’en sortais avec brio. Le court entraînement avec Victor portait ses fruits. A deux mains, l’archange tenta de me planter l’épée dans le ventre, durant le bref instant où je me retrouvais au sol, sur le dos… J’évitais le coup de justesse en me roulant sur le côté, tout en lui sectionnant les tendons arrières de ses pieds. Il tomba comme une pierre. Je me penchais au-dessus lui, le menaçant de ma dague.
    - Qui es-tu humain ? Comment es-tu rentré ici ? me demanda-t-il.
    - Désolé, il n’y a rien de perso dans tout cela, mais je n’ai pas le temps de bavarder avec toi, et je ne vais pas prendre le risque de te laisser prévenir tes petits copains ailés… Lui dis-je tout en l’assommant avec le manche de la dague. J’étais à deux pas de la salle de soin. Je repensais aux paroles de Déziel : « N’oublies pas que nous sommes en guerre. Il y aura sûrement des blessés dans cette salle. Vu leur état, ils ne seront certainement pas aptes à se battre, mais ils pourront alerter des gardiens… »
    Je décidai alors de déshabiller l’archange et de porter sa tenue afin de me faire passer pour l’un d’eux. De face, ils pourront penser que j’ai des ailes repliées, mais vu de dos, je ne ferai pas illusion bien longtemps… Mon cœur battait la chamade. A chacun de mes pas qui m’approchait de la porte, un battement résonnait aussi fort qu’un tambour funèbre. Et c’était à raison : la salle était remplie d’archanges souffrants. Malades ou blessés, ils étaient si nombreux. Le spectacle désolant des conséquences de cette guerre me fit frémir d’horreur. Ils étaient en théorie mes ennemis, mais pourtant je compatissais devant tant de souffrance. Aucune guerre ne devrait faire autant de mal. Aucune cause ne devrait justifier la guerre de toute façon. Il est un pourtant un combat que le mal ne doit gagner. Trop de vies dépendant de moi. Je ne peux échouer. Comment allais-je retrouver l’antidote dans une si grande salle… Une jeune femme brune, à l’air épuisé soignait un archange.
    - Maudite humaine, lui dit-il en lui attrapant le poignet, ne peux-tu rien faire correctement ? !
    Mon sang ne fit qu’un tour. Je comprenais que trop bien que cette pauvre femme était une sorte d’esclave, vouée à jamais à soigner ceux qui la méprisaient… Elle me remarqua. Pouvais-je lui faire confiance ? Elle était humaine après tout. Elle avança vers moi, tout en frottant d’une main son poignet mal mené. Son regard était vide, comme si elle s’était résignée à toute résistance.
    - Que puis-je faire pour vous ? me demanda-t-elle.
    - Heu… je… je me suis fait mordre par un viralien… J’aurais besoin d’antidote.
    - Je vous apporte tout de suite. Montrez-moi d’abord votre blessure…
    Mon cœur s’arrêta.
    - Allez juste me chercher l’antidote… S’il vous plait.
    La femme peu habituée à ce minimum de politesse et de considération écarquilla les yeux.
    - Vous n’êtes pas un…
    - Chut… Je vous en supplie. Aidez-moi…
    - Alors aidez-moi aussi… Sortez de moi de cet enfer…
    - Très bien.
    La jeune femme se précipita vers une armoire, l’ouvra brusquement, et prit l’antidote, tout en faisant tomber la moitié des flacons. Son comportement semblait tellement peu naturel que j’étais terrorisé à l’idée qu’un archange le remarque aussi. Elle tremblait et avait un rictus nerveux teinté de peur. Elle se précipita à nouveau vers moi. Elle marchait trop rapidement. L’archange qu’elle soignait précédemment, lui attrapa à nouveau le poignet.
    - Que se passe-t-il, lui dit-il. Tu as peur. Tu n’es pas comme d’habitude. Où te précipites-tu ainsi ?
    - Je… votre chef s’est fait mordre par un viralien ! Je dois lui apporter l’antidote immédiatement, lui répondit-elle en lui montrant le flacon. Et c’est urgent !! Quant à vous, vous feriez mieux de dormir si vous voulez guérir un jour !
    La jeune femme était intelligente. L’archange, gardait ses soupçons, mais ne pouvait prendre le risque d’intervenir ou de l’empêcher de partir. Résigné, il ferma les yeux pour se reposer. La jeune femme revint vers moi.
    - Voilà l’antidote. Que faisons-nous maintenant, me demanda-t-elle tout excitée.
    - Nous allons sortir de cette salle discrètement. Vous comprenez le mot : discrètement. Vu que je n’ai pas d’ailes, vous allez rester derrière moi afin de couvrir au maximum mon dos. Au fait, vous savez nager ?
    - Oui…
    - Alors tout ira bien.
    Notre sortie se déroula sans problème. Tout en restant sur nos gardes, nous franchissions la salle qui menait à la fontaine. Je plongeais. La jeune femme en fit autant. Mon cœur était à nouveau dans un état d’urgence. J’avais l’antidote. Sally allait être sauvée ! Une fois dans la grotte, je constatais qu’elle avait allumé quelques bougies. Je remarquais des fleurs séchées ici et là, quelques jouets en bois, des pierres colorés… Ceci était le trésor de l’ange blond.
    - Sally, j’ai l’antidote!… Sally, où êtes-vous?
    Malgré les bougies, une partie de la grotte restait plongée dans la pénombre…
    - Sally ? Je ne suis pas seul, je suis revenu avec…
    - Moi… Moi non plus ! me répondit Sally. Sa silhouette se dessinait au fur et à mesure qu’elle sortait de l’ombre. A ma grande stupeur, juste derrière elle, un archange la tenait, la menaçant d’un couteau à la gorge… Je saisissais ma dague.
    - A votre place, je ne ferai pas cela… dit l’archange. Oh ! Que je vous rassure tout de suite, ce couteau sur sa gorge, ce n’est pas pour la tuer. C’est juste pour la… contrôler !
    L’archange et Sally avancèrent vers moi.
    - Avant, elle m’écoutait et me respectait. Mais maintenant, elle me désobéit, rompt notre serment… C’est vrai, dit-il s’adressant à Sally, tu m’avais promis de ne jamais révéler notre petit secret… Le passage…
    L’archange releva le visage vers moi.
    - J’ai tout fait pour la protéger d’elle-même. Mais bon… Depuis que j’ai déclenché la guerre, Sally joue les rebelles et n’écoute plus du tout son grand frère. Je vais devoir sévir.

     






    Saison 1 Episode 6: Sans elle

    25/11/2006 19:06

    Saison 1 Episode 6: Sans elle


    Mes yeux essayaient de s’habituer à l’obscurité ambiante. Le visage de Travis était difficile à cerner. Ses intentions étaient tout aussi difficiles à évaluer.
    - Maintenant vous allez poser lentement votre arme, dit Travis, le sourire au coin des lèvres.
    - Pourquoi ferai-je cela ? Vous l’avez dit vous-même, vous ne tuerez pas votre sœur, Travis.
    - Oui, je ne veux et ne peux la tuer. Malgré nos différents, je tiens à elle. Je veux juste la contrôler, et s’il faut la blesser pour lui faire comprendre que je ne plaisante pas, je n’hésiterai pas un seul instant… Tiens je vois que vous avez ramené avec vous notre « infirmière » humaine.
    - Ce n’est qu’une jeune femme innocente. Laissez là repartir, et rejoindre les siens.
    - Pourquoi laisserai-je partir une femme aussi douée dans l’art des soins ? Mes soldats ont besoin d’elle. Elle est bien plus utile ici qu’à son village de toute façon… A moins que…
    Allez, je suis d’humeur légère aujourd’hui ! Une réunion familiale, ça se fête, n’est-ce pas Sally ? Alors, nous allons jouer un peu : J’ai alerté des escadrons de votre intrusion. Ils font donc des rondes autour du château. Jeune fille, je vous laisse partir. Sachez que vous n’aurez qu’une chance sur 10 d’arriver saine et sauve chez vous. Cela dit, Paentlas, votre village, est peut-être déjà à feu et à sang à l’instant où je vous parle…
    - Espèce d’ordure, lui répondit la jeune femme. Puis elle me lança un regard plein de tristesse…
    - Ne perdez pas un instant, lui dis-je. Filez, et ne vous retournez pas…
    - Je vous serai à jamais reconnaissante, me dit-elle, avant de plonger dans l’eau qui allait la mener vers son destin.
    - Que voulez-vous Travis ?!
    - A part Cléador? A part le pouvoir? Je veux que ma sœur comprenne qu’elle se trompe de camp! Je veux qu’elle saisisse dans sa chair et dans son sang l’erreur qu’elle commet en vous aidant. Elle devrait être à mes côtés. Mais il n’est pas trop tard. Même si elle est déjà allée trop loin, je tiens à lui laisser une dernière chance. Elle aura tout le temps d’y penser, une fois que je vous aurai enfermés dans une cellule.
    Quelques minutes tard, nous nous retrouvions dans un cachot bien sombre. Travis nous y avait emmené avec l’aide d’une femme archange. Celle ci m’enchaîna solidement, de la tête aux pieds. Puis, à ma grande surprise, elle n’attacha pas Sally, mais lui administra l’antidote dont elle avait besoin. Travis se mit à chuchoter à l’oreille de Sally…
    - Regarde-le, ton héros, ton sauveur… Petite sœur, tu sais ce qu’il en coûte à un ange de s’acoquiner avec un humain… La sanction est la même pour tous… Je ne pourrai faire exception avec toi, tu le sais… Et les risques ne sont pas bénins, loin de là. C’est ta vie que tu joues. Alors réfléchis bien… Est-ce que cet homme en vaut la peine ?
    - Il vaut toutes les peines du monde Travis… Tu devrais pourtant comprendre ce qu’est le sens du sacrifice, non ?
    Sur cette phrase assassine de Sally, lui et L’archange quittèrent la cellule.
    - Qu’allons nous faire à présent, demanda Sally… Vous et moi, coincés ici… Avez-vous des pouvoirs cachés qui pourrait briser mes chaînes Sally ?
    - Hélas non, je n’ai que mon pouvoir de guérison…
    - Ne dites pas cela comme si cela était un poids ! C’est un don merveilleux. Qui par ailleurs me rassure, s’il vous arrivait d’être blessée, vous pourriez vous sauver sans l’aide de personne…
    - Non mon prince, ce pouvoir ne fonctionne que sur les humains… Mais ne vous souciez pas de moi, mais plutôt de nous. S’il ne nous reste que peu de temps
    - Je sais bien que ce n’est pas la priorité mon ange, mais une question me travaille depuis tout à l’heure ! Comment Travis est-il revenu d’entre les morts ?
    - Mais il a toujours été vivant ! Répondit Sally avec surprise.
    - Mais si voyons, quand vous avez parlé de la dette de sang, du Phénix qui aurait pu ressusciter quelqu’un qui vous était cher… Et vous aviez les larmes aux yeux quand vous parliez de lui, de votre enfance…
    - Mon prince, je suis navrée si je vous ai induit en erreur. A aucun moment je ne voulais vous laisser croire que Travis était mort… En fait, si une tristesse et une colère sans limite m’envahissent à chaque fois que je parle de mon frère, c’est parce qu’il a tué notre père…

    Quelques étages au-dessus des cachots, dans l’amphithéâtre de Sanctuary.

    - Pourquoi m’avez-vous donné rendez-vous ici, Krovin ? Demanda Travis.
    - Je tenais à avoir cette discussion avant de prendre une décision.
    Sauf votre respect, je dirigeais les armées avant votre naissance. Vous avez pris ma place mais soyons réalistes, j’ai l’expérience et les connaissances que vous n’avez pas.
    - Certes, ma jeunesse pourrait être facteur de faiblesse, mais est-ce bien un handicap, comparé à votre presque sénilité ? Répondit Travis. Dois-je vous rappeler votre incompétence à diriger vos troupes… Un escadron a été massacré par les feralis dernièrement. Un escadron qui était censé capturer la poétesse. Non pas la tuer, et encore moins détruire son précieux livre des révélations… cette délicate opération fut un fiasco ! Vos méthodes sont désuètes, et vos principes dépassés. Et de quelle expérience parlez-vous de toute façon ? Qu’avez-vous fait de bon pour ce royaume qui plus souvent connu la paix que la guerre? Une paix que vous avez largement entretenu à protéger, à préserver, à sauver les humains !
    Krovin laissait deviner une forte envie de renverser le pouvoir mis en place par Travis. Cet archange qui avait sans doute dirigé des années durant, les armées du royaume, se voyait relégué au rang de second, à obéir à un jeune archange, aussi dément que déterminé. La situation lui était intolérable. Et pourtant il n’avait guère le choix. L’éthique de Krovin prédominait sur ses envies de frapper le jeune arrogant. Il lui restait alors les mots, pour faire passer le message…
    - J’exécutais les ordres du roi Phileas, dit Krovin. Mais c’était surtout l’avenir de ce royaume que je m’efforçais de préserver. L’ordre établit tremble déjà. Les changements sont en route, et la guerre ne fait que commencer. Ne voyez-vous pas que la prophétie est en train de…
    - Cela en est assez ! Grogna Travis. La prophétie n’est qu’un tissu de mensonge qui n’a que pour seul objectif d’éloigner les archanges du pouvoir ! Cette « prophétie » n’a fait que nous déposséder de ce qui nous appartient ! Arthelius est à nous, et non pas à une sous catégorie singes parlant !
    - Si j’étais vous, je prendrai cela au sérieux…
    - Et pour quelle raison ? Pourquoi devrai-je croire aveuglément en cette fable sans doute montée de toute pièce par un humain ? Il n’y aucune preuve de l’authenticité de cette prophétie. Rien, aucune archive, aucun écrit ancien qui viendrait d’un ange ou archange…
    - L’arrivée du prince en notre royaume est un signe. Mais ce n’est pas le seul. Ouvrez donc les yeux sur ce qui se passe : les éléments de la prophétie se mettent en place un à un. Ce n’est pas un hasard voyons !
    - Si ce »prince » se trouve parmi nous, c’est simplement à cause de Sally. Sa croyance inconditionnelle en cette prophétie lui à fait faire n’importe quoi. Sans elle, cet homme n’aurait jamais été métaporté à Arthelius. Sans elle, il serait déjà mort depuis longtemps ! Et regardez-le : il beau le héros prophétique, enchaîné comme une bête de labeur dans un cachot…
    - Enfermé avec votre sœur… Précisa Krovin. Votre sœur qui a pris parti pour un humain. Vous connaissez les règles et les conséquences Travis.
    - Je ne peux pas faire cela à Sally… Le cachot, la sanction, l’amputation. Je lui ai dit tout cela pour qu’elle me revienne. Nos différences ne signifient pas que je lui souhaite du mal… Je voulais seulement la protéger d’elle-même, la surveiller… La contrôler… Vu le pouvoir que je possède, je l’amnistierai, sans que les anciens en aient à dire quelque chose.
    - Vous ne pouvez renier les règles que vous avez fait respecter avec tant de zèle… Nous devons faire de Sally un exemple ! Vous savez tout autant que moi que vous n’avez pas obtenu le pouvoir par l’honneur et les batailles, et encore moins par les anciens. Vous avez obtenu le pouvoir par un soulèvement des foules. Votre discours démagogique anti-humain a fait mouche après la disparition du Roi. Il n’y avait plus personne pour régner… La manipulation est la brèche que vous avez emprunté pour atteindre votre but. Sauver Sally, c’est renier votre propre politique et vous condamner en vous mettant les archanges à dos… Vous savez bien que j’ai raison.
    Travis naguère si présomptueux, se retrouvait déchiré entre son amour pour sa sœur et son devoir en tant que chef des armées archangéliques. Il comprenait que faire exception signifiait sa propre perte. Il avait le choix entre sauver sa sœur et perdre sa crédibilité ou conserver son assise en tant que leader, et laisser Sally à un sort dont l’issue était plus qu’incertaine.
    - J’ai des enfants et des frères aussi, dit Krovin. C’est une décision qui vous sera insurmontable. Vous ne pourrez pas vous en remettre, et Sally non plus. L’enjeu ne vaut pas ce sacrifice. Laissez moi reprendre le commandement des escadrons, et je vous promets de vous laisser fuir avec votre sœur. Personne n’en saura jamais rien…
    - Je suis encore très loin de mon but, soupira Tarvis. Je ne peux renoncer…
    - Pensez à la douleur que vous allez provoquer chez votre sœur. Pensez à votre sentiment de culpabilité qui vous rongera toute votre vie…
    - Comme si je n’étais pas déjà rongé par la culpabilité ! Dit-il ironiquement. Après tout, je suis bien responsable de la mort de mon père…
    - Très bien. J’ai votre réponse. Je vais donc prévenir les anciens pour qu’ils puissent juger Sally dès ce soir…

    Quelque part, dans une chambre d’enfant…

    - La nuit est tombée !!!! S’exclame un très jeune archange.
    - Tu crois que nous allons les voir ce soir ?
    - J’espère bien petite sœur, car j’ai trouvé un moyen de vaincre les feralis ! J’ai emprunté le passage secret hier, et..
    - Sans moi ?
    - Ben, vu ce que j’avais à faire, je me suis dit « vaut mieux y aller sans elle »
    - Qu’as-tu fait, répondit la petite sœur, les yeux dévorées d’admiration et de curiosité.
    - Je suis allé voler des armes, et le grand livre des combats ! Tu comprends bien que je ne voulais pas te faire prendre ce risque !
    - Mais ! Arrêtes de me prendre pour un bébé ! Je vais bientôt avoir 8 ans !
    - Tu sais bien que t’es un bébé !
    - Arrêtes de dire ça, répondit la petite fille tout en poursuivant son grand frère d’un oreiller. Tu vas voir que je suis plus forte que tu ne le crois !
    - T’es un bébé, t’es un bébé !
    La petite fille sautait sur son lit, puis d’un coup d’ailes sauta sur celui de son frère, avant de se prendre un pied dans les draps, et tomber à terre avec violence…
    - Petite sœur, tu as mal ?
    La petite fille essayait de retenir ses larmes, mais sa moue boudeuse et son visage crispé révélaient une peine enfantine, entre douleur et honte…
    - Ne pleures pas, je suis là. Ton grand frère sera toujours là pour toi, lui dit-il tout en la prenant dans ses bras. Jamais je ne te ferai de mal, tu le sais…
    La petite fille répondit d’un sourire avant de crier :
    - Ils sont là !! Les feralis sont là !!!
    Les deux enfants se précipitèrent vers la lucarne…
    - C’est le moment, cria le garçon en ouvrant la lucarne et en se jetant dans le vide, les ailes déployées, une arbalète à la main, une épée dans l’autre.
    Très vite le garçon fut entouré de trois feralis.
    La petite fille hurla. Leur père entra dans la chambre, alerté par le cri. Il comprit la situation aussitôt. Il se mit à la lucarne, et cria :
    - Laissez-le en vie. Prenez-moi à sa place…
    - Pourquoi ferions-nous cela ? répondit un des feralis
    - Parce que vous êtres trois, et que le sang d’un enfant ne vous suffira pas. Rendez-le moi, et je vous donne ma parole d’honneur que je me livrerai à vous sans même me battre…
    - Papa, non… soupira la petite fille, les larmes aux yeux…
    Les yeux d’un des feralis s’illuminèrent. Il prit l’enfant et le jeta l’enfant vers la lucarne ; le père le rattrapa, avant de franchir lui-même l’étroite fenêtre… Les trois feralis se jetèrent sur lui sans attendre. Le père lança un dernier regard vers sa fille, et sans le moindre son, articula de ses lèvres, un poignant « je vous aime… Adieu »

    Dans un sursaut, Sally se leva dans le cachot, le souffle court…
    - Sally, que se passe-t-il, lui demandai-je…
    - Un cauchemar. Le même depuis que j’ai depuis l’âge de 8 ans… Lerival, et deux autres feralis… Ils ont tué mon père à cause de Travis. Je n’ai jamais réussi à le lui pardonner, et encore moins à Lerival bien sûr…
    - Oh Sally, attaché comme je le suis, suspendu, la tête en bas, je ne peux même pas vous prendre dans mes bras.
    Le visage de Sally s’éclaira.
    - J’en ai pourtant tellement besoin, à cet instant. Elle s’approcha de moi, se mit sur la pointe des pieds, attrapa mon visage, et me donna le plus doux, le plus beau des baisers que l’on puisse espérer recevoir… Elle me sourit et me dit :
    - Vous m’avez toujours dit, tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir… Et je vous crois. Quelqu’un va bien finir par nous aider. Déziel va finir par nous retrouver, et il nous libérera d’une façon ou d’une autre…
    - A ta place, je n’y compterai pas, dit Travis d’une voix sinistre.
    - Que viens tu faire ici ?
    - Je suis venu te rendre visite une dernière fois. Le tribunal t'a jugée ce soir. Ils donneront leur décision demain, mais nous en connaissons tous d’avance l’issue. N’attends pas Déziel, il ne viendra pas à ton secours.
    Sally, choquée et interloquée ne savait que répondre. Puis elle hurla :
    - Tu te trompes ! Déziel est mon ami, mon confident ! Il ne m’abandonnera jamais ! Il viendra à notre secours.
    - Tu ne comprends pas sœurette ? Déziel est à ma botte depuis le jour où je te l’ai offert ! Il avait pour rôle de te protéger, mais aussi de te surveiller ! De me faire un rapport régulier sur tes activités, tes rendez-vous, tes décisions… Comment crois-tu que l’escadron vous ait repéré aussi facilement dans la montagne blanche, toi et ton prince ?!? Nous vous suivons depuis le début ! A chaque fois que Déziel partait en repérage, c’était pour nous informer de votre position, de vos mouvements !
    - C’est impossible, Déziel ne peut pas faire cela… Il n’a pas pu me faire cela…
    - Voyons Sally, le dragalion a deux avantages : sa mémoire exceptionnelle, mais aussi une vitesse de vol incomparable. Deux fois plus rapide qu’un archange ! Ce fut un jeu d’enfant pour lui. N’est-ce pas Déziel…
    Dans un relent de souffre et un battement d’ailes, le dragalion se posa sur l’épaule de Travis… Il n’osait regarder Sally dans les yeux…
    - Je vous hais ! Je vous hais tous les deux autant que vous êtes !
    - Sally, j’ai fait cela uniquement pour ton bien ! Tu es ma sœur, et je devais veiller sur toi !
    - Il n’y a plus de place dans mon cœur pour toi. A l'âge de 8 ans, j’ai perdu mon père ; ce soir, je n’ai plus de frère non plus, lui lança-t-elle…

    Le lendemain au tribunal.

    Un vieil archange était assis au milieu d’une assemblée. Sally était assise sur un fauteuil face à lui. Il leva les bras et ses ailes se déployèrent vers le plafond de la grande salle. Une sculpture murale représentant un ange se trouvait juste derrière lui.
    - Que le jugement soit donné, dit le vieil archange. La statue se mit à étinceler. Des rayons de lumière s’échappaient des ses contours. Ils frappèrent l’archange, qui se mit à parler d’une voix différente, comme venue d’un autre monde :
    - Le jugement a été prononcé. La requête de Krovin a été rejetée. Sally ne servira pas d’exemple. En vu du rang qu’occupe Travis et afin de lui éviter toute humiliation, l’amputation des ailes de Sally n’aura pas lieu sur la place publique, mais à huit clos, dans la Tour de Maleas, comme le veut l’usage. Mina, veuillez l’emmener immédiatement.

    Pendant ce temps, je hurlais ma peine depuis mon cachot… De longues minutes passèrent, lorsque la femme archange entra précipitamment dans ma cellule. Elle me détacha, me prit par le poignet et me dit d’un ton assurément décidé : suivez-moi !
    Quelques instant plus tard, je me retrouvai dans le ciel, avec elle.
    - Ne regardez pas vers le bas… dit l’archange.
    Elle était très forte. Contrairement à Sally qui ne pouvait me porter, la puissance de ses ailes nous portait sans le moindre effort vers la tour de Mileas.
    - Je ne vous répéterai pas deux fois ce que je vais vous dire. Mon nom est Mina. Je suis chargée d’emmener les condamnés à la tour de Maleas. Je suis certes une archange, mais je ne partage pas pour autant les convictions des mes compatriotes. Nous sommes une petite minorité à rejeter l’ordre de Travis et à croire en la prophétie. Nous avons donc créé une cellule de résistance et de sabotage. Chacun à sa manière contribue comme il peut pour ralentir les actions de Travis et ses escadrons. Pour ma part, dès que j’en ai l’occasion, je sauve des anges de l’amputation grâce à des chirurgiens complices, qui laissent croire à Travis et aux anciens que le condamné n’a pas survécu à l’opération.
    - Oh mon dieu, vous allez pouvoir sauver Sally alors !!!
    - Ne vous emballez pas trop vite, prince. Les chirurgiens qui opèrent aujourd’hui, ne sont pas mes complices. Vous allez donc devoir vous battre contre eux. Et je ne serai pas là pour vous aider. Je prends déjà trop de risque en vous emmenant à la tour.
    Le voyage aérien prit très peu de temps. Une fois posés au sommet, Mina me tendit une dague. Ma dague. Une fois à l’intérieur de la tour, elle m’abandonna à ma mission. D’après ses informations, je devais descendre une dizaine d’étage avant d’atteindre la salle d’opération, ou plutôt de torture. J’arrivais dans une salle humide et froide. Une odeur de sang mélangée à celle de la crasse s’était emparée des lieux. J’inspectais les lieux. Quelques plumes, ici et là, sur des traces de sang séché. Non Sally n’était pas ici, mais dans une autre salle. Je fermais les yeux, et me concentrais. Ma respiration semblait ralentir, mes sens étaient en éveil. Je percevais des bruits d’instruments métalliques deux étages plus haut. Je m’y précipita, entra dans une salle et…
    - Sally mon dieu, NON !!! Je hurlais si fort que les nuages auraient pu m’entendre.
    Sally était là, allongée sur le ventre, le dos nu, ensanglantée, sans ailes… J’arrivais trop tard. Bien trop tard. Près d’elle se trouvaient deux archanges. Les fameux « chirurgiens »… Les deux… bouchers ! Je n’arrivais plus à raisonner, et le manque d’expérience me fit faire une terrible erreur. La rage, la haine, la colère n’étaient rien à côté de ce que je pouvais ressentir… Cela décuplait ma force. Les archanges, surpris, et désarmés ne firent pas long feu. Hélas…
    Ils n’avaient pas terminé leur sinistre ouvrage : Sally perdait son sang, et je remarquais des points de couture maladroits et inachevés. Sally allait lentement, mais sûrement, se vider de son sang. Elle ouvra péniblement les yeux…
    - Mon prince, je savais que… Oh mon prince, je crois que je vais mourir ainsi…
    - Elle essayait de se tourner vers moi. Je la recouvrais d’un drap, et le pris dans mes bras.
    Non Sally, vous allez vous battre, vous allez vivre, il le faut.
    - Mon prince, dit-elle d’une voix presque inaudible, je ne pourrai jamais vivre sans ailes…
    Les mots de Sally firent échos en moi. Déformés par le prisme de l’amour, je réalisais que

     






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