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Saison 1 Episode 5: Le passage
25/11/2006 18:32
- Déziel, je crois que tu peux cesser de me fixer du regard ! - Humpf. C’est dans ma nature d’observer. D’analyser. De réfléchir. Et de comprendre… La remarque du dragalion me fit frémir. Avait-il vraiment compris mon erreur ? Comment pouvait-il savoir que mes doutes et ma faiblesse avaient eu pour conséquence le sort tragique de Sally… - Comprendre quoi ? lui répondis-je, faisant mine de ne pas comprendre. - Je sais. Le reste importe peu. Alors, si tu le permets, étranger, à partir de ce jour, je t’aurai à l’œil. À chaque instant. - Arrêtes de m’appeler étranger ! J’ai un nom… Même… Même si je m’en souviens plus ! Répondis-je inquiet et confus. - Humpf… J’ignore ton nom, étranger, et cela ne m’intéresse pas plus que ma première flamme, dit-il avant de s’éloigner dans les airs. Je méritais le mépris de Déziel. Mais quand bien même l’incident n’aurait pas eu lieu, son hostilité à mon égard n’aurait pas été moins grande. Le dragalion ne m’appréciait guère. Mais cette fois-ci, il avait une bonne raison de me haïr. Sally risquait de mourir à cause de moi, et si j’avais eu un peu de jugeote, je n’aurai jamais laissé Victor me piéger aussi facilement… Alors que je marchais depuis des heures interminables, je ne cessais de culpabiliser. Je retournais la situation dans ma tête, rejouais le triste scénario qui avait causé la perte probable de l’ange blond. A chaque fois, je m’inventais une issue heureuse. J’en avais besoin. J’avais besoin d’imaginer ce qui aurait pu être, si j’avais refusé la proposition de Victor. Ou encore si j’avais empêché Sally d’ouvrir le coffre, dans lequel se trouvait le viralien qui l’a mordue. Dans un ultime fantasme héroïque, je me voyais lancer une flèche sur la créature, avant même qu’elle n’ait eu le temps de morde. Moi, le pire archer que les temps aient connu ! Mais la réalité était autre. Et cette réalité qui me fit retomber sur terre venait du ciel : - Sally ! Déjà de retour de votre ronde de repérage ? - Oui, mon prince. Déziel a prit le relais pour que je me repose un peu. Mais je ne voulais pas me reposer. Au contraire. Je veux profiter de mes ailes, tant que je le peux. C’est peut-être le dernier jour où je pourrais chevaucher les airs, m’enivrer des hauteurs, me griser du vide… Malgré mes arguments, Déziel a vraiment insisté pour me remplacer en tant qu’éclaireur… - Il veut certainement vous ménager… - Mais je ne le veux pas ! Oh, mon prince, si vous saviez comme j’en ai assez que l’on me traite comme un objet fragile, qu’un rien pourrait briser. Je suis bien moins forte que je le voudrais, mais plus que vous tous ne le croyez. Je lutte et résiste car je crois en vous. Mais je sens déjà les premiers effets du venin. Mes articulations sont douloureuses depuis au moins une heure… La paralysie commence. Je ne veux pas… - Ne pensez pas à cela. Personne ne veut que vous mouriez Sally. Nous allons trouver le sérum. Nous allons tous faire pour vous sauver. - Je n’ai pas peur de mourir, tant que je pourrai mourir la tête haute. Il est un grand honneur pour ceux qui peuvent mourir en héros, en guerrier. Non. Je n’ai pas peur de mourir. Mais pas comme ça. Par-dessus tout, je ne veux pas que vous me voyez ainsi, diminuée, agonisante… au sol ! Cette dernière remarque de l’ange blond confirmait que l’idée de mort était moins effrayante pour elle, que la perspective de perdre l’usage de ses ailes. J’étais bouleversé à mon tour… - Pardon Sally… Pardon de ne pas être à la hauteur. Pardon de… - Chut… Ne dites rien. Vous vous excusez trop. Ce sont peut-être mes derniers instants. Je ne peux pas les gaspiller dans des larmes. Je sais que le viralien m’a fait dire ce que je ne peux plus nier. Ce sentiment est en moi. Bien avant votre arrivée ici. Bien avant notre rencontre. Depuis toujours… L’ange s’approcha de moi, son souffle devenait court. Le mien aussi. Mon cœur s’affola. Je m’efforçais de me rappeler que l’amour entre les humains et les anges était interdit. Mais entre ma fascination pour Sally, mon affection sincère, et ce goût subtil de l’interdit, je ne pouvais plus résister un instant de plus. Elle prit ma main et leva la tête. Son regard touchait enfin le mien dans une sensation d’infini. Dans un long silence j’approchais mes lèvres des siennes, à moitiés ouvertes, et… - HUMPF… Rien à signaler au nord ! Je vais donc voir s’il en est de même derrière nous. Etait-ce mon imagination ou le dragalion se fit particulièrement remarquer? Etait-ce pour mieux nous interrompre ? - Je crois que vous aviez raison, mon prince, chuchota Sally. Déziel ne vous aime guère. Il ne faut pas lui en vouloir. Il se méfie de ceux qu’il ne connaît pas… A la base, me protéger est le rôle que mon frère lui a attribué, lorsqu’il me l’a offert. Quand j’étais plus petite, je le prenais un peu comme un animal de compagnie. Mais j’ai bien grandi depuis. En dépit de son étrange caractère, il mérite tout autant le respect que tout être qui vit :j’ai bien tenté de le libérer de sa fonction de protecteur, mais il semble déterminé. Il refuse de reprendre sa liberté. Et je dois avouer que cela m’arrange, car je me suis sincèrement attachée à sa compagnie. Sans lui, je me sentirai très seule aujourd’hui. Je n’ai plus vraiment de famille… Et Déziel, en plus de soulager ma solitude, m’a sauvé la vie à deux reprises par le passé. Trois même ! - Vous n’êtes plus seule à présent. L’ange me sourit avec la grâce qui lui était propre. Elle passa sa douce main dans ses longs cheveux. Je remarquais qu’elle portait une bague sertie d’un joyau qui présentait un emblème que je ne connaissais pas. Sally comprit que je regardais son bijou. - Oh, ce n’est pas une simple coquetterie, me dit-elle. - C’est un emblème familial ? - Pas tout à fait… La tristesse prit possession de son tendre visage. Est-ce que cette bague avait appartenu à son défunt frère ? A mon habitude, je changeais de conversation afin de lui épargner tout souvenir douloureux. - Sanctuary ! - Non, me répondit-elle, ce n’est pas l’emblème du château… - Oh, ce n’est pas ce que je voulais dire. En fait, je parlais de notre mission à Sanctuary. En dépit de ma bonne volonté, je crois qu’il est temps d’établir un plan. Je suis parti la rage au ventre, mais… sans la moindre stratégie. - Il était temps que tu le réalises, étranger… dit le dragalion, revenu de son court périple. - Tu me prends pour un idiot, mais j’espère bien te prouver le contraire. - Au moins, je suis d’accord avec la première partie de cette phrase, humpf… Déziel était particulièrement remonté contre moi. C’était un mauvais signe. Comment se battre contre une armée d’Archanges, alors que nous n’étions même pas soudés ?? Qu’espérer de ce combat si nous n’avions plus la moindre confiance ? Nous n’étions pas une équipe. Mais dans l’absence de choix, il fallait faire avec. - Bon. Si j’ai bien compris, Sanctuary est assiégé. Des Archanges gardent l’entrée principale… - Et les entrées annexes, précisa le dragalion. Sans oublier les escadrons qui survolent régulièrement le château, les archers qui surplombent les tours… - Ne… ne nous décourageons pas. Nous devons nous organiser. Etablir un plan de diversion. - Ce ne sera peut-être pas la peine, mon prince…Lorsque nous étions enfant, mon frère et moi aimions nous amuser près du château et de ses fontaines. Nous nous amusions tellement… Parfois à la guerre. Mon frère, Travis, avait toujours une longueur d’avance sur moi. Il faut dire qu’il était l’aîné. Mais je crois que cela tenait plus de son caractère excessif. Il a toujours eu une âme d’aventurier. Toujours prêt à faire les pires bêtises, tant qu’il pouvait dépasser les limites, transgresser les règles, tout était bon pour lui. Il me fascinait, et en même temps, je n’arrivais pas à le suivre dans tout ce qu’il faisait. Sauf ce jour là… Nos deux soleils frappaient très fort. Nous vivions alors une double canicule. Travis et moi pataugions dans une des nombreuses fontaines de l’immense jardin de Sanctuary. Je jouais à la sirène, et lui à Poséidon. Nos ailes sont un obstacle à la nage. Mais ce n’était pas un obstacle insurmontable. Nos parents nous avaient appris à nager, mais si cela n’était pas une chose très naturelle pour nous autres. C’est ce qui intéressa mon frère : dépasser ses limites et explorer un monde inconnu ! Poséidon et la sirène… Ce n’était qu’un jeu. Jusqu’au moment ou Travis se prit un peu plus au sérieux. Il plongea tête la première sous les eaux. Il disparut pendant de longues minutes avant de réapparaître l’air satisfait. Son regard était celui d’un conquérant qui venait de s’approprier un trésor… Je ne sais pas si c’est le hasard, ou si ce fut un signe du destin, mais ce jour-là, il a découvert un passage secret qui mène au château… Un long couloir sous-marin, qui à mi-chemin mène à une petite grotte, histoire de reprendre notre souffle et nous reposer un peu, avant de replonger vers le château. De temps à autres, quand nous voulions êtres seuls pour jouer, ou pour cacher nos trésors d’enfants, nous allions dans cette grotte. Par contre nous prenions que très rarement ce chemin pour aller au château, de peur que nous nous fassions prendre et que l’on dévoile ce petit secret que nous avions promis de garder rien que pour nous. Nous ne l’avons jamais révélé, même pas à nos parents. Mais aujourd’hui je n’ai pas d’autre choix que de rompre ce serment. - Sally, c’est effectivement un signe du destin. Votre frère n’a pas découvert ce passage pour rien. Aujourd’hui, cela a un sens. Ce secret si bien gardé va vous sauver la vie. Et c’est ce qu’il aurait voulu… - Je ne… Je ne sais pas… - Ne perdons pas un instant. L’espoir aurait dû reprendre le dessus. Pourtant, malgré cette providentielle solution, mon instinct me hurlait que les choses allaient pourtant mal se finir. Pendant que nous avancions, Déziel, avec sa mémoire exceptionnelle, me décrivait avec précision les pièces et couloirs du château qui mènent à la salle de soin. Après une heure de marche et de vol, nous étions enfin arrivés devant la fontaine. - Humpf. Hors de question de vous suivre là dedans. Un dragalion et l’eau ne font pas bon ménage. - Tu as raison Déziel. De plus, tu es trop… bruyant pour m’accompagner. Une fois à l’intérieur de Sanctuary, la discrétion et le silence seront de rigueur. De toute façon, tes flammes nous seront plus utiles quand nous reviendrons. Si jamais nous nous faisons prendre ou si nous sommes suivis, tu seras notre dernière chance. - Mon prince, je ne me sens pas très bien… Je ne sais pas si je peux vous accompagner. - Mais vous ne le devez pas. C’est trop dangereux. Reposez-vous jusqu’à mon retour, avec l’antidote. - Non… je ne sais pas si je peux vous accompagner, mais je le veux. Je veux revoir une dernière fois cet endroit qui a conservé mes plus beaux souvenirs. Mon enfance… Ces jours d’insouciance… Et puis il faut bien que je vous guide. - Très bien, mais vous resterez dans la grotte alors ! L’ange acquiesça, avant de me faire signe de la suivre. C’est avec peine qu’elle plongea dans l’eau trouble. Je nageais dans un long couloir, très sombre, puis complètement noir. Je n’y voyais plus rien. De minuscules étoiles apparurent devant moi. C’était Sally qui me guidait. Elles sortaient de sa bouche et scintillaient tout autour d’elle et éclairait notre chemin. Après une minute de nage, nous étions arrivés dans la grotte. - Nos chemins se séparent ici, mon ange. Préservez-vous. Ne faites rien que nous puissions regretter. Je reviendrai. Avec l’antidote. Je plongeais seul. J’apercevais de la lumière au bout de ce deuxième couloir qui menait à la fontaine intérieure du château. Ce passage était donc bien plus court. Mon cœur battait très fort. Si fort que j’avais peur qu’un archange puisse l’entendre. Lentement je sortais la moitié de ma tête hors de l’eau. La salle dans laquelle se trouvait cette fontaine était splendide, majestueuse, terriblement silencieuse, et heureusement vide. Je prenais appui sur le rebord de la fontaine, avant d’en sortir trempé de la tête au pied. Me souvenir des mots de Déziel… Tout en suivant ses instructions : « Humpf, tu remarqueras dans cette salle, une statue représentant un aigle aux ailes déployées. Tu te glisseras derrière. Tu y trouveras un escalier qui descend vers la salle des armes. Elle y est rarement vide. » Encore une fois, le dragalion avait raison. Un archange s’entraînait au tir à l’arc. Il était si concentré, qu’il ne remarqua… pas ? Oups, je pensais trop vite. L’archange se tourna brusquement vers moi et me lança la flèche. Dans un réflexe salvateur je me jetai au sol en roulant vers lui. Je sortis ma dague de son fourreau tout en me relevant. L’archange abandonna son arc au profit d’une épée. « Dague contre épée ». En voilà un combat parfaitement équilibré, pensais-je ironiquement. Il donna un premier coup vers mon torse, que je repliais en arrière afin de l’esquiver. Puis d’un mouvement de droite à gauche, il tenta la décapitation. Mon cou accompagnait le mouvement de son épée : je virevoltais en faisant une pirouette et m’en sortais avec brio. Le court entraînement avec Victor portait ses fruits. A deux mains, l’archange tenta de me planter l’épée dans le ventre, durant le bref instant où je me retrouvais au sol, sur le dos… J’évitais le coup de justesse en me roulant sur le côté, tout en lui sectionnant les tendons arrières de ses pieds. Il tomba comme une pierre. Je me penchais au-dessus lui, le menaçant de ma dague. - Qui es-tu humain ? Comment es-tu rentré ici ? me demanda-t-il. - Désolé, il n’y a rien de perso dans tout cela, mais je n’ai pas le temps de bavarder avec toi, et je ne vais pas prendre le risque de te laisser prévenir tes petits copains ailés… Lui dis-je tout en l’assommant avec le manche de la dague. J’étais à deux pas de la salle de soin. Je repensais aux paroles de Déziel : « N’oublies pas que nous sommes en guerre. Il y aura sûrement des blessés dans cette salle. Vu leur état, ils ne seront certainement pas aptes à se battre, mais ils pourront alerter des gardiens… » Je décidai alors de déshabiller l’archange et de porter sa tenue afin de me faire passer pour l’un d’eux. De face, ils pourront penser que j’ai des ailes repliées, mais vu de dos, je ne ferai pas illusion bien longtemps… Mon cœur battait la chamade. A chacun de mes pas qui m’approchait de la porte, un battement résonnait aussi fort qu’un tambour funèbre. Et c’était à raison : la salle était remplie d’archanges souffrants. Malades ou blessés, ils étaient si nombreux. Le spectacle désolant des conséquences de cette guerre me fit frémir d’horreur. Ils étaient en théorie mes ennemis, mais pourtant je compatissais devant tant de souffrance. Aucune guerre ne devrait faire autant de mal. Aucune cause ne devrait justifier la guerre de toute façon. Il est un pourtant un combat que le mal ne doit gagner. Trop de vies dépendant de moi. Je ne peux échouer. Comment allais-je retrouver l’antidote dans une si grande salle… Une jeune femme brune, à l’air épuisé soignait un archange. - Maudite humaine, lui dit-il en lui attrapant le poignet, ne peux-tu rien faire correctement ? ! Mon sang ne fit qu’un tour. Je comprenais que trop bien que cette pauvre femme était une sorte d’esclave, vouée à jamais à soigner ceux qui la méprisaient… Elle me remarqua. Pouvais-je lui faire confiance ? Elle était humaine après tout. Elle avança vers moi, tout en frottant d’une main son poignet mal mené. Son regard était vide, comme si elle s’était résignée à toute résistance. - Que puis-je faire pour vous ? me demanda-t-elle. - Heu… je… je me suis fait mordre par un viralien… J’aurais besoin d’antidote. - Je vous apporte tout de suite. Montrez-moi d’abord votre blessure… Mon cœur s’arrêta. - Allez juste me chercher l’antidote… S’il vous plait. La femme peu habituée à ce minimum de politesse et de considération écarquilla les yeux. - Vous n’êtes pas un… - Chut… Je vous en supplie. Aidez-moi… - Alors aidez-moi aussi… Sortez de moi de cet enfer… - Très bien. La jeune femme se précipita vers une armoire, l’ouvra brusquement, et prit l’antidote, tout en faisant tomber la moitié des flacons. Son comportement semblait tellement peu naturel que j’étais terrorisé à l’idée qu’un archange le remarque aussi. Elle tremblait et avait un rictus nerveux teinté de peur. Elle se précipita à nouveau vers moi. Elle marchait trop rapidement. L’archange qu’elle soignait précédemment, lui attrapa à nouveau le poignet. - Que se passe-t-il, lui dit-il. Tu as peur. Tu n’es pas comme d’habitude. Où te précipites-tu ainsi ? - Je… votre chef s’est fait mordre par un viralien ! Je dois lui apporter l’antidote immédiatement, lui répondit-elle en lui montrant le flacon. Et c’est urgent !! Quant à vous, vous feriez mieux de dormir si vous voulez guérir un jour ! La jeune femme était intelligente. L’archange, gardait ses soupçons, mais ne pouvait prendre le risque d’intervenir ou de l’empêcher de partir. Résigné, il ferma les yeux pour se reposer. La jeune femme revint vers moi. - Voilà l’antidote. Que faisons-nous maintenant, me demanda-t-elle tout excitée. - Nous allons sortir de cette salle discrètement. Vous comprenez le mot : discrètement. Vu que je n’ai pas d’ailes, vous allez rester derrière moi afin de couvrir au maximum mon dos. Au fait, vous savez nager ? - Oui… - Alors tout ira bien. Notre sortie se déroula sans problème. Tout en restant sur nos gardes, nous franchissions la salle qui menait à la fontaine. Je plongeais. La jeune femme en fit autant. Mon cœur était à nouveau dans un état d’urgence. J’avais l’antidote. Sally allait être sauvée ! Une fois dans la grotte, je constatais qu’elle avait allumé quelques bougies. Je remarquais des fleurs séchées ici et là, quelques jouets en bois, des pierres colorés… Ceci était le trésor de l’ange blond. - Sally, j’ai l’antidote!… Sally, où êtes-vous? Malgré les bougies, une partie de la grotte restait plongée dans la pénombre… - Sally ? Je ne suis pas seul, je suis revenu avec… - Moi… Moi non plus ! me répondit Sally. Sa silhouette se dessinait au fur et à mesure qu’elle sortait de l’ombre. A ma grande stupeur, juste derrière elle, un archange la tenait, la menaçant d’un couteau à la gorge… Je saisissais ma dague. - A votre place, je ne ferai pas cela… dit l’archange. Oh ! Que je vous rassure tout de suite, ce couteau sur sa gorge, ce n’est pas pour la tuer. C’est juste pour la… contrôler ! L’archange et Sally avancèrent vers moi. - Avant, elle m’écoutait et me respectait. Mais maintenant, elle me désobéit, rompt notre serment… C’est vrai, dit-il s’adressant à Sally, tu m’avais promis de ne jamais révéler notre petit secret… Le passage… L’archange releva le visage vers moi. - J’ai tout fait pour la protéger d’elle-même. Mais bon… Depuis que j’ai déclenché la guerre, Sally joue les rebelles et n’écoute plus du tout son grand frère. Je vais devoir sévir.
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Saison 1 Episode 6: Sans elle
25/11/2006 19:06
Mes yeux essayaient de s’habituer à l’obscurité ambiante. Le visage de Travis était difficile à cerner. Ses intentions étaient tout aussi difficiles à évaluer. - Maintenant vous allez poser lentement votre arme, dit Travis, le sourire au coin des lèvres. - Pourquoi ferai-je cela ? Vous l’avez dit vous-même, vous ne tuerez pas votre sœur, Travis. - Oui, je ne veux et ne peux la tuer. Malgré nos différents, je tiens à elle. Je veux juste la contrôler, et s’il faut la blesser pour lui faire comprendre que je ne plaisante pas, je n’hésiterai pas un seul instant… Tiens je vois que vous avez ramené avec vous notre « infirmière » humaine. - Ce n’est qu’une jeune femme innocente. Laissez là repartir, et rejoindre les siens. - Pourquoi laisserai-je partir une femme aussi douée dans l’art des soins ? Mes soldats ont besoin d’elle. Elle est bien plus utile ici qu’à son village de toute façon… A moins que… Allez, je suis d’humeur légère aujourd’hui ! Une réunion familiale, ça se fête, n’est-ce pas Sally ? Alors, nous allons jouer un peu : J’ai alerté des escadrons de votre intrusion. Ils font donc des rondes autour du château. Jeune fille, je vous laisse partir. Sachez que vous n’aurez qu’une chance sur 10 d’arriver saine et sauve chez vous. Cela dit, Paentlas, votre village, est peut-être déjà à feu et à sang à l’instant où je vous parle… - Espèce d’ordure, lui répondit la jeune femme. Puis elle me lança un regard plein de tristesse… - Ne perdez pas un instant, lui dis-je. Filez, et ne vous retournez pas… - Je vous serai à jamais reconnaissante, me dit-elle, avant de plonger dans l’eau qui allait la mener vers son destin. - Que voulez-vous Travis ?! - A part Cléador? A part le pouvoir? Je veux que ma sœur comprenne qu’elle se trompe de camp! Je veux qu’elle saisisse dans sa chair et dans son sang l’erreur qu’elle commet en vous aidant. Elle devrait être à mes côtés. Mais il n’est pas trop tard. Même si elle est déjà allée trop loin, je tiens à lui laisser une dernière chance. Elle aura tout le temps d’y penser, une fois que je vous aurai enfermés dans une cellule. Quelques minutes tard, nous nous retrouvions dans un cachot bien sombre. Travis nous y avait emmené avec l’aide d’une femme archange. Celle ci m’enchaîna solidement, de la tête aux pieds. Puis, à ma grande surprise, elle n’attacha pas Sally, mais lui administra l’antidote dont elle avait besoin. Travis se mit à chuchoter à l’oreille de Sally… - Regarde-le, ton héros, ton sauveur… Petite sœur, tu sais ce qu’il en coûte à un ange de s’acoquiner avec un humain… La sanction est la même pour tous… Je ne pourrai faire exception avec toi, tu le sais… Et les risques ne sont pas bénins, loin de là. C’est ta vie que tu joues. Alors réfléchis bien… Est-ce que cet homme en vaut la peine ? - Il vaut toutes les peines du monde Travis… Tu devrais pourtant comprendre ce qu’est le sens du sacrifice, non ? Sur cette phrase assassine de Sally, lui et L’archange quittèrent la cellule. - Qu’allons nous faire à présent, demanda Sally… Vous et moi, coincés ici… Avez-vous des pouvoirs cachés qui pourrait briser mes chaînes Sally ? - Hélas non, je n’ai que mon pouvoir de guérison… - Ne dites pas cela comme si cela était un poids ! C’est un don merveilleux. Qui par ailleurs me rassure, s’il vous arrivait d’être blessée, vous pourriez vous sauver sans l’aide de personne… - Non mon prince, ce pouvoir ne fonctionne que sur les humains… Mais ne vous souciez pas de moi, mais plutôt de nous. S’il ne nous reste que peu de temps - Je sais bien que ce n’est pas la priorité mon ange, mais une question me travaille depuis tout à l’heure ! Comment Travis est-il revenu d’entre les morts ? - Mais il a toujours été vivant ! Répondit Sally avec surprise. - Mais si voyons, quand vous avez parlé de la dette de sang, du Phénix qui aurait pu ressusciter quelqu’un qui vous était cher… Et vous aviez les larmes aux yeux quand vous parliez de lui, de votre enfance… - Mon prince, je suis navrée si je vous ai induit en erreur. A aucun moment je ne voulais vous laisser croire que Travis était mort… En fait, si une tristesse et une colère sans limite m’envahissent à chaque fois que je parle de mon frère, c’est parce qu’il a tué notre père…
Quelques étages au-dessus des cachots, dans l’amphithéâtre de Sanctuary.
- Pourquoi m’avez-vous donné rendez-vous ici, Krovin ? Demanda Travis. - Je tenais à avoir cette discussion avant de prendre une décision. Sauf votre respect, je dirigeais les armées avant votre naissance. Vous avez pris ma place mais soyons réalistes, j’ai l’expérience et les connaissances que vous n’avez pas. - Certes, ma jeunesse pourrait être facteur de faiblesse, mais est-ce bien un handicap, comparé à votre presque sénilité ? Répondit Travis. Dois-je vous rappeler votre incompétence à diriger vos troupes… Un escadron a été massacré par les feralis dernièrement. Un escadron qui était censé capturer la poétesse. Non pas la tuer, et encore moins détruire son précieux livre des révélations… cette délicate opération fut un fiasco ! Vos méthodes sont désuètes, et vos principes dépassés. Et de quelle expérience parlez-vous de toute façon ? Qu’avez-vous fait de bon pour ce royaume qui plus souvent connu la paix que la guerre? Une paix que vous avez largement entretenu à protéger, à préserver, à sauver les humains ! Krovin laissait deviner une forte envie de renverser le pouvoir mis en place par Travis. Cet archange qui avait sans doute dirigé des années durant, les armées du royaume, se voyait relégué au rang de second, à obéir à un jeune archange, aussi dément que déterminé. La situation lui était intolérable. Et pourtant il n’avait guère le choix. L’éthique de Krovin prédominait sur ses envies de frapper le jeune arrogant. Il lui restait alors les mots, pour faire passer le message… - J’exécutais les ordres du roi Phileas, dit Krovin. Mais c’était surtout l’avenir de ce royaume que je m’efforçais de préserver. L’ordre établit tremble déjà. Les changements sont en route, et la guerre ne fait que commencer. Ne voyez-vous pas que la prophétie est en train de… - Cela en est assez ! Grogna Travis. La prophétie n’est qu’un tissu de mensonge qui n’a que pour seul objectif d’éloigner les archanges du pouvoir ! Cette « prophétie » n’a fait que nous déposséder de ce qui nous appartient ! Arthelius est à nous, et non pas à une sous catégorie singes parlant ! - Si j’étais vous, je prendrai cela au sérieux… - Et pour quelle raison ? Pourquoi devrai-je croire aveuglément en cette fable sans doute montée de toute pièce par un humain ? Il n’y aucune preuve de l’authenticité de cette prophétie. Rien, aucune archive, aucun écrit ancien qui viendrait d’un ange ou archange… - L’arrivée du prince en notre royaume est un signe. Mais ce n’est pas le seul. Ouvrez donc les yeux sur ce qui se passe : les éléments de la prophétie se mettent en place un à un. Ce n’est pas un hasard voyons ! - Si ce »prince » se trouve parmi nous, c’est simplement à cause de Sally. Sa croyance inconditionnelle en cette prophétie lui à fait faire n’importe quoi. Sans elle, cet homme n’aurait jamais été métaporté à Arthelius. Sans elle, il serait déjà mort depuis longtemps ! Et regardez-le : il beau le héros prophétique, enchaîné comme une bête de labeur dans un cachot… - Enfermé avec votre sœur… Précisa Krovin. Votre sœur qui a pris parti pour un humain. Vous connaissez les règles et les conséquences Travis. - Je ne peux pas faire cela à Sally… Le cachot, la sanction, l’amputation. Je lui ai dit tout cela pour qu’elle me revienne. Nos différences ne signifient pas que je lui souhaite du mal… Je voulais seulement la protéger d’elle-même, la surveiller… La contrôler… Vu le pouvoir que je possède, je l’amnistierai, sans que les anciens en aient à dire quelque chose. - Vous ne pouvez renier les règles que vous avez fait respecter avec tant de zèle… Nous devons faire de Sally un exemple ! Vous savez tout autant que moi que vous n’avez pas obtenu le pouvoir par l’honneur et les batailles, et encore moins par les anciens. Vous avez obtenu le pouvoir par un soulèvement des foules. Votre discours démagogique anti-humain a fait mouche après la disparition du Roi. Il n’y avait plus personne pour régner… La manipulation est la brèche que vous avez emprunté pour atteindre votre but. Sauver Sally, c’est renier votre propre politique et vous condamner en vous mettant les archanges à dos… Vous savez bien que j’ai raison. Travis naguère si présomptueux, se retrouvait déchiré entre son amour pour sa sœur et son devoir en tant que chef des armées archangéliques. Il comprenait que faire exception signifiait sa propre perte. Il avait le choix entre sauver sa sœur et perdre sa crédibilité ou conserver son assise en tant que leader, et laisser Sally à un sort dont l’issue était plus qu’incertaine. - J’ai des enfants et des frères aussi, dit Krovin. C’est une décision qui vous sera insurmontable. Vous ne pourrez pas vous en remettre, et Sally non plus. L’enjeu ne vaut pas ce sacrifice. Laissez moi reprendre le commandement des escadrons, et je vous promets de vous laisser fuir avec votre sœur. Personne n’en saura jamais rien… - Je suis encore très loin de mon but, soupira Tarvis. Je ne peux renoncer… - Pensez à la douleur que vous allez provoquer chez votre sœur. Pensez à votre sentiment de culpabilité qui vous rongera toute votre vie… - Comme si je n’étais pas déjà rongé par la culpabilité ! Dit-il ironiquement. Après tout, je suis bien responsable de la mort de mon père… - Très bien. J’ai votre réponse. Je vais donc prévenir les anciens pour qu’ils puissent juger Sally dès ce soir…
Quelque part, dans une chambre d’enfant…
- La nuit est tombée !!!! S’exclame un très jeune archange. - Tu crois que nous allons les voir ce soir ? - J’espère bien petite sœur, car j’ai trouvé un moyen de vaincre les feralis ! J’ai emprunté le passage secret hier, et.. - Sans moi ? - Ben, vu ce que j’avais à faire, je me suis dit « vaut mieux y aller sans elle » - Qu’as-tu fait, répondit la petite sœur, les yeux dévorées d’admiration et de curiosité. - Je suis allé voler des armes, et le grand livre des combats ! Tu comprends bien que je ne voulais pas te faire prendre ce risque ! - Mais ! Arrêtes de me prendre pour un bébé ! Je vais bientôt avoir 8 ans ! - Tu sais bien que t’es un bébé ! - Arrêtes de dire ça, répondit la petite fille tout en poursuivant son grand frère d’un oreiller. Tu vas voir que je suis plus forte que tu ne le crois ! - T’es un bébé, t’es un bébé ! La petite fille sautait sur son lit, puis d’un coup d’ailes sauta sur celui de son frère, avant de se prendre un pied dans les draps, et tomber à terre avec violence… - Petite sœur, tu as mal ? La petite fille essayait de retenir ses larmes, mais sa moue boudeuse et son visage crispé révélaient une peine enfantine, entre douleur et honte… - Ne pleures pas, je suis là. Ton grand frère sera toujours là pour toi, lui dit-il tout en la prenant dans ses bras. Jamais je ne te ferai de mal, tu le sais… La petite fille répondit d’un sourire avant de crier : - Ils sont là !! Les feralis sont là !!! Les deux enfants se précipitèrent vers la lucarne… - C’est le moment, cria le garçon en ouvrant la lucarne et en se jetant dans le vide, les ailes déployées, une arbalète à la main, une épée dans l’autre. Très vite le garçon fut entouré de trois feralis. La petite fille hurla. Leur père entra dans la chambre, alerté par le cri. Il comprit la situation aussitôt. Il se mit à la lucarne, et cria : - Laissez-le en vie. Prenez-moi à sa place… - Pourquoi ferions-nous cela ? répondit un des feralis - Parce que vous êtres trois, et que le sang d’un enfant ne vous suffira pas. Rendez-le moi, et je vous donne ma parole d’honneur que je me livrerai à vous sans même me battre… - Papa, non… soupira la petite fille, les larmes aux yeux… Les yeux d’un des feralis s’illuminèrent. Il prit l’enfant et le jeta l’enfant vers la lucarne ; le père le rattrapa, avant de franchir lui-même l’étroite fenêtre… Les trois feralis se jetèrent sur lui sans attendre. Le père lança un dernier regard vers sa fille, et sans le moindre son, articula de ses lèvres, un poignant « je vous aime… Adieu »
Dans un sursaut, Sally se leva dans le cachot, le souffle court… - Sally, que se passe-t-il, lui demandai-je… - Un cauchemar. Le même depuis que j’ai depuis l’âge de 8 ans… Lerival, et deux autres feralis… Ils ont tué mon père à cause de Travis. Je n’ai jamais réussi à le lui pardonner, et encore moins à Lerival bien sûr… - Oh Sally, attaché comme je le suis, suspendu, la tête en bas, je ne peux même pas vous prendre dans mes bras. Le visage de Sally s’éclaira. - J’en ai pourtant tellement besoin, à cet instant. Elle s’approcha de moi, se mit sur la pointe des pieds, attrapa mon visage, et me donna le plus doux, le plus beau des baisers que l’on puisse espérer recevoir… Elle me sourit et me dit : - Vous m’avez toujours dit, tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir… Et je vous crois. Quelqu’un va bien finir par nous aider. Déziel va finir par nous retrouver, et il nous libérera d’une façon ou d’une autre… - A ta place, je n’y compterai pas, dit Travis d’une voix sinistre. - Que viens tu faire ici ? - Je suis venu te rendre visite une dernière fois. Le tribunal t'a jugée ce soir. Ils donneront leur décision demain, mais nous en connaissons tous d’avance l’issue. N’attends pas Déziel, il ne viendra pas à ton secours. Sally, choquée et interloquée ne savait que répondre. Puis elle hurla : - Tu te trompes ! Déziel est mon ami, mon confident ! Il ne m’abandonnera jamais ! Il viendra à notre secours. - Tu ne comprends pas sœurette ? Déziel est à ma botte depuis le jour où je te l’ai offert ! Il avait pour rôle de te protéger, mais aussi de te surveiller ! De me faire un rapport régulier sur tes activités, tes rendez-vous, tes décisions… Comment crois-tu que l’escadron vous ait repéré aussi facilement dans la montagne blanche, toi et ton prince ?!? Nous vous suivons depuis le début ! A chaque fois que Déziel partait en repérage, c’était pour nous informer de votre position, de vos mouvements ! - C’est impossible, Déziel ne peut pas faire cela… Il n’a pas pu me faire cela… - Voyons Sally, le dragalion a deux avantages : sa mémoire exceptionnelle, mais aussi une vitesse de vol incomparable. Deux fois plus rapide qu’un archange ! Ce fut un jeu d’enfant pour lui. N’est-ce pas Déziel… Dans un relent de souffre et un battement d’ailes, le dragalion se posa sur l’épaule de Travis… Il n’osait regarder Sally dans les yeux… - Je vous hais ! Je vous hais tous les deux autant que vous êtes ! - Sally, j’ai fait cela uniquement pour ton bien ! Tu es ma sœur, et je devais veiller sur toi ! - Il n’y a plus de place dans mon cœur pour toi. A l'âge de 8 ans, j’ai perdu mon père ; ce soir, je n’ai plus de frère non plus, lui lança-t-elle…
Le lendemain au tribunal.
Un vieil archange était assis au milieu d’une assemblée. Sally était assise sur un fauteuil face à lui. Il leva les bras et ses ailes se déployèrent vers le plafond de la grande salle. Une sculpture murale représentant un ange se trouvait juste derrière lui. - Que le jugement soit donné, dit le vieil archange. La statue se mit à étinceler. Des rayons de lumière s’échappaient des ses contours. Ils frappèrent l’archange, qui se mit à parler d’une voix différente, comme venue d’un autre monde : - Le jugement a été prononcé. La requête de Krovin a été rejetée. Sally ne servira pas d’exemple. En vu du rang qu’occupe Travis et afin de lui éviter toute humiliation, l’amputation des ailes de Sally n’aura pas lieu sur la place publique, mais à huit clos, dans
la Tour
de Maleas, comme le veut l’usage. Mina, veuillez l’emmener immédiatement.
Pendant ce temps, je hurlais ma peine depuis mon cachot… De longues minutes passèrent, lorsque la femme archange entra précipitamment dans ma cellule. Elle me détacha, me prit par le poignet et me dit d’un ton assurément décidé : suivez-moi ! Quelques instant plus tard, je me retrouvai dans le ciel, avec elle. - Ne regardez pas vers le bas… dit l’archange. Elle était très forte. Contrairement à Sally qui ne pouvait me porter, la puissance de ses ailes nous portait sans le moindre effort vers la tour de Mileas. - Je ne vous répéterai pas deux fois ce que je vais vous dire. Mon nom est Mina. Je suis chargée d’emmener les condamnés à la tour de Maleas. Je suis certes une archange, mais je ne partage pas pour autant les convictions des mes compatriotes. Nous sommes une petite minorité à rejeter l’ordre de Travis et à croire en la prophétie. Nous avons donc créé une cellule de résistance et de sabotage. Chacun à sa manière contribue comme il peut pour ralentir les actions de Travis et ses escadrons. Pour ma part, dès que j’en ai l’occasion, je sauve des anges de l’amputation grâce à des chirurgiens complices, qui laissent croire à Travis et aux anciens que le condamné n’a pas survécu à l’opération. - Oh mon dieu, vous allez pouvoir sauver Sally alors !!! - Ne vous emballez pas trop vite, prince. Les chirurgiens qui opèrent aujourd’hui, ne sont pas mes complices. Vous allez donc devoir vous battre contre eux. Et je ne serai pas là pour vous aider. Je prends déjà trop de risque en vous emmenant à la tour. Le voyage aérien prit très peu de temps. Une fois posés au sommet, Mina me tendit une dague. Ma dague. Une fois à l’intérieur de la tour, elle m’abandonna à ma mission. D’après ses informations, je devais descendre une dizaine d’étage avant d’atteindre la salle d’opération, ou plutôt de torture. J’arrivais dans une salle humide et froide. Une odeur de sang mélangée à celle de la crasse s’était emparée des lieux. J’inspectais les lieux. Quelques plumes, ici et là, sur des traces de sang séché. Non Sally n’était pas ici, mais dans une autre salle. Je fermais les yeux, et me concentrais. Ma respiration semblait ralentir, mes sens étaient en éveil. Je percevais des bruits d’instruments métalliques deux étages plus haut. Je m’y précipita, entra dans une salle et… - Sally mon dieu, NON !!! Je hurlais si fort que les nuages auraient pu m’entendre. Sally était là, allongée sur le ventre, le dos nu, ensanglantée, sans ailes… J’arrivais trop tard. Bien trop tard. Près d’elle se trouvaient deux archanges. Les fameux « chirurgiens »… Les deux… bouchers ! Je n’arrivais plus à raisonner, et le manque d’expérience me fit faire une terrible erreur. La rage, la haine, la colère n’étaient rien à côté de ce que je pouvais ressentir… Cela décuplait ma force. Les archanges, surpris, et désarmés ne firent pas long feu. Hélas… Ils n’avaient pas terminé leur sinistre ouvrage : Sally perdait son sang, et je remarquais des points de couture maladroits et inachevés. Sally allait lentement, mais sûrement, se vider de son sang. Elle ouvra péniblement les yeux… - Mon prince, je savais que… Oh mon prince, je crois que je vais mourir ainsi… - Elle essayait de se tourner vers moi. Je la recouvrais d’un drap, et le pris dans mes bras. Non Sally, vous allez vous battre, vous allez vivre, il le faut. - Mon prince, dit-elle d’une voix presque inaudible, je ne pourrai jamais vivre sans ailes… Les mots de Sally firent échos en moi. Déformés par le prisme de l’amour, je réalisais que
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Saison 2 Episode 1: De glace
25/11/2006 19:23
Le jour se levait à peine. Tout semblait si calme, si apaisant. Un arbre dominait la colline où mes pensées avaient trouvé refuge. Je regardais le ciel, respirant cet air nouveau, cet air d'un autre monde. Et je songeais... Plus jamais Sally ne chevauchera les vents. Plus jamais elle ne pourra dompter les nuages et jamais plus mes yeux ne pourront se délecter de ce tableau angélique... Je repris le chemin qui menait à cet arbre centenaire. Son tronc était gigantesque, ses branches torturées. L'herbe était verdoyante. Pourtant aucune feuille ne l'habillait. Je touchais son écirce tout en levant légèrement la tête. Je fermais les yeux. La main droite posée sur son tronc, je le contournais comme un aveugle sans sa canne. Il me fallait du courage pour les réouvrir et contempler la tombe de Sally.
Telle une sculpture de cristal, sa dernière demeure laissait apparaître son doux, son merveilleux visage.
_ Sally, pourquoi es-tu partie? Pourquoi m'as-tu laissé seul? Je ne comprends pas pourquoi tu m'as laissé tout seul, lui répétais-je en pleurant. Je tombais à genoux. Sally, je t'aime tant... Je voulais lui rendre un dernier hommage, en étant fort. En étant le guerrier, le héros qu'elle a toujours cru que j'étais. Mais comment rester fort, comment rester digne, coment supporter la vision de son corps inanimé, prisonnier de ce tombeau de verre...
_ De glace, dit une voix qui venait des cimes. Cette réflexion me fit sursauter. L'herbe naguère si verte, se mit à flétrir sous mes pieds. Un vent glacé commença à souffler vers moi, gelant tout sur son passage. Le froid pénétra mes vêtements, ma chair puis mes os. Tout autour de moi n'était qu'hiver.
Les fleurs que je venais de poser sur la tombe se cristallisèrent en un instant. Leurs pétales scintillaient tels une dentelle de verre...
_ De glace, répéta l'étrange voix. Je levais à nouveau la tête avant de découvrir cet imposant corbeau, posé majestueusement sur l'une des branches.
Alors que j'essayais de comprendre les paroles de ce messager morbide, des flammes impressionnantes s'érigèrent autour de Sally. Je reculais pour m'en protéger. L'oiseau se posa sur la tombe, tout en gardant les aile déployées. Il s'enflamma à son tour. Il restait là, brûlant d'un feu ardent. Il ne semblait pas en être affecté, comme s'il incarnait le feu, lui-même. Il me fit penser à cet oiseau mythique, qui toujours, renaît de ses cendres...
_ Je viens d'ouvrir une porte, me dit-il. A toi de la franchir. Ce n'est pas le présent, mais son futur. Et cela fait un an qu'elle en est morte. Plus tu attendras, plus le changement sera grand. Tu dois faire vite.
Le tombeau de glace se mit à fondre. Une bourrasque d'une violence inouïe me poussait sans relâche, m'éloignant peu à peu de Sally. Il faisait si froid qu'il m'aurait été impossible d'imaginer que mon sang pouvait se glacer d'avantage. J'avais tort. Sally ouvrit brusquement les yeux. Elle releva son buste et tendit un bras vers moi. Ses jambes et une de ses mains étaient encore enfermées dans sa prison de glace. Le regard suppliant, elle se mit à hurler:
_ Louis... LLLooooooouuuuuuuuiiiisssss !!!
_ ...
_ Louis! Louis... Louis réveille-toi !
_ Mina?
_ Oui. Tu as encore fait ce cauchemard.
_ Sally est...
_ Non, Louis. Sally va bien, comme je te le redis depuis une semaine. Elle se repose dans la chambre d'à côté.
_ Encore ce rêve... Ce n'est pas normal.
_ Après ce que vous avez vécu, moi je trouve cela plutôt ordinaire. N'importe qui serait traumatisé.
_ Non Mina. C'est plus que cela. Ce n'est pas comme si je rêvais du même thème, du même sujet, de la même obsession ou peur. Il n'y a pas de variation. Chaque fois que je trouve le sommeil, le cauchemard est strictement identique, dans les détails, les mots et le fond. Mina, il faut que tu me croies... Depuis que Sally a été amputée, je fais exactement le même rêve, chaque jour...
_ Ne me demande pas d'interprétation. Je ne suis pas experte en la matière. Cela dit, il me semble que le corbeau est plutôt un mauvais présage, non?
_ Je ne sais pas. Il m'apparaît plutôt comme un être bénéfique... Qui a des choses à me révéler. Mais je ne comprends pas ce qu'il essaie de me dire.
_ Peut-être feras-tu le même rêve, tant que tu n'auras pas compris ce message!
_ Alors je ferais bien de me remuer les neurones! Car je ne supporte plus de voir Sally dans cette tombe. Même si cette image n'est pas réelle.
_ Oui. Sally est bien vivante. Mais elle a besoin d'aide. Cela fait une semaine qu'elle reste clouée dans son lit. Au début, je pensais que cette convalescence était nécessaire. Aujourd'hui, il est clair que cette blessure est bien profonde. Elle n'a pas prononcé un mot depuis son arrivée à Paentlas. Elle boit et mange à peine. Elle va finir par vraiment mourir si elle ne se reprend pas.
A Sanctuary, dans la salle principale.
_ Inutile de jouer les majestés, Travis. Le fauteuil dans lequel vous êtes assis n'est pas un trône. Et le sceptre que vous tenez est d'une prétention...
L'archange sortit de ses pensées. Terriblement agacé par les remarques de Krovin.
_ Avez-vous retrouvé ma soeur?
_ Non.
_ Vos troupes échouent depuis une semaine à la retrouver! C'est inacceptable.
_ Bien évidemment. En cas d'échec, ce sont mes troupes. Et en cas de succès, ce sont les vôtres. Cela dit, j'ai en tête un parfait contre exemple: Dois-je vous remémorer l'escadron que vous avez envoyé à Paentlas, la semaine dernière? Une trentaine d'archanges, censés détruire ce village, n'en sont pas revenus. Vous avez camouflé cette affaire aux anciens. Mais comment ferez-vous pour maintenir ce mensonge auprès du peuple? Les familles des victimes commencent à se poser des questions.
_ Cher Krovin, je suis touché par l'interêt soudain que vous me portez, répondit ironiquement Travis, mais j'ai déjà trouvé une solution en ce qui concerne cette affaire.
_ Ces affaires. Une deuxième troupe que vous avez envoyé quelques jours plus tard, a aussi disparu. Les rumeurs vont vite, au sein de l'armée. Il paraît que c'est le prince qui protège le village. Et qu'il est devenu invincible.
_ Balivernes! Le prince n'est qu'un homme.
_ Ce n'est pas ce que dit la prophétie.
_ Combien de fois devrais-je vous le dire Krovin? Il n'y a rien, aucun écrit qui puisse prouver son authenticité.
_ Travis, vous devriez savoir que la salle du trône enferme un livre ancien, plus ancien que l'écriture angélique. Ce livre contient les clés de l'avenir et révèle la prophétie dans son intégralité.
_ Aucun ange ou archange n'a pu pénétrer dans cette salle, et ce depuis des centaines d'années. Cela ne prouve donc rien, au contraire. Cela confirme ma théorie: Cette prophétie a été montée de toutes pièces par un humain afin de nous éloigner de ce qui nous appartient! Cette "prophétie" est un écran de fumée. C'est le résultat de l'imagination d'un homme qui voulait que seuls les humain règnent sur Athélius.
_ Quand bien même vous auriez raison, qu'est-ce que cela changerait? Les humains qui ont régné dans le royaume ont toujours fait le bien autour d'eux. Vous avez peut-être soulevé les foules, convaincus les archanges, il n'empêche que l'enjeu ne vaut pas le risque que vous pourriez faire encourir à ce monde. De toute façon, que feriez-vous de plus pour les archanges, une fois que vous régnerez?
_ ....
_ Vous n'avez rien à dire? C'est bien ce que je pensais. L'interêt des archanges vous importent peu. Ce qui vous plaît, c'est de transgresser les règles et d'obtenir le pouvoir à des fins strictement personnelles. "Mort aux humains!", "Arthélius aux archanges!" avez vous scandé avec la foule. Vous voulez "rendre" Arthélius aux archanges. Mais vous oubliez que nous n'en avons jamais été dépossédés!
_ Et vous Krovin, n'est-ce pas par interêt personnel, que vous désirez ma chute, dit Travis en se levant de son fauteuil. N'est-ce pas parce que j'ai pris votre place dans le coeur du peuple archangélique et au sein de l'armée que vous me détestez autant?
_ Je vous déteste depuis toujours Travis. Votre père était mon ami. C'était quelqu'un de bien. Il est mort par votre faute. Il ne méritait pas d'avoir un fils aussi odieux et inconséquent que vous.
L'espace d'un instant, les yeux de Travis exprimèrent une folie naissante, avant de révéler une colère immense.
_ Je vous interdis de parler de mon père! Je vous interdis d'y penser, dit-il en s'approchant, et je vous interdis de me juger...
_ Moi, non. Je ne vous jugerai pas. Par respect pour la mémoire de votre père, j'avais renoncé à prévenir les Anciens de vos erreurs. Mais j'avais tort. Je vais leur faire mon rapport et avertir le peuple de cet entretien. Ce sont eux qui vous jugeront, dit Krovin en s'éloignant. Vous êtes malade. Il est temps que cette folie cesse.
Une fois le dos tourné, Travis se précpita sur lui et lui enfonça à travers l'épaule la partie tranchante de son sceptre. L'archange tomba à terre, n'en croyant pas ses yeux.
_ Un archange ne peut en tuer un autre, dit Krovin en se tordant de douleur.
_ Certes, mais il peut le blesser, l'empêcher de voler, ou encore l'empêcher de... voler. Vous êtes un faible, Krovin. En me dénonçant aux Anciens, vous teniez l'opportunité de vous débarrasser de moi. Mais connaissant votre amitié pour mon père, je savais que vous hésiteriez. Je n'ai ni votre faiblesse, ni vos scrupules, Krovin. Avant-hier, les Anciens ont été avertis du massacre de Paentlas. Et bien entendu, je vous ai désigné comme seul responsable. Je leur ai fait part de vos excès de violence, de votre incapacité à gérer correctement les troupes, due à votre jalousie maladive à mon égard.
_ Mais c'est votre portrait, pas le mien, gémit Krovin.
_ Peu importe, ils vous ont jugé. Et c'est le cachot qui vous attend.
_ Comment les Anciens ont-ils pu vous croire? Je leur suis fidèle depuis si logtemps.
_ Les anciens sont stupides, lâches et démagogues. Ils me suivent parce que le peuple me suit. C'est ainsi mon cher Krovin, c'est le plus jeune et le plus populaire qui gagne! Je leur ai néanmoins demandé une faveur: Pouvoir vous annoncer la sentence moi-même. Vous commencez à y voir plus clair, Krovin? J'ai monté cette petite histoire dont la fin est: "Krovin a refusé votre sentence. Il a tenté de s'enfuir. J'ai du le neutraliser. Il a bien failli me blesser, mais heureusement j'ai réussi à me défendre avec ce sceptre que j'ai fait construire en votre honneur, vous, Anciens d'Arthélius. Il représente votre droiture et sagesse."
_Vous leur mentez, vous les flattez... Ils vous croient pour l'instant. Mais cela ne durera pas. Vous n'êtes pas un stratège. Vous commettrez d'autres erreurs et je ne serai plus là pour en porter la responsabilité...
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